LITURGIE
DE LA PAROLE OU LITURGIE DES CATECHUMENES
Les
deux principales Liturgies de l'Eglise Orthodoxe
La
Liturgie selon saint Jean Chrysostome, la plus célébrée
au cours de l'année et que nous avons retenue
pour cette étude, ainsi que la liturgie de
saint Basile le Grand, sont les deux principales liturgies
de l'Eglise Orthodoxe. Elles se différencient
uniquement par le canon eucharistique.
Sens
général de la Divine Liturgie
«
Le Christ est essentiellement le Rédempteur
; Il est venu dans ce monde pour racheter les pécheurs.
La Divine Liturgie est mystère de la Rédemption.
La Rédemption exige d'abord qu'on meure à
ce monde des péchés. C'est pourquoi
la Liturgie est d'abord et premièrement mystère
de la Passion. Cette forme est seule appropriée
à la condition de l'humanité encore
dominée ou menacée par les péchés.
Cette humanité doit encore mourir aux péchés
avec le Seigneur, mais si elle est morte mystiquement,
elle vit aussi avec le Christ pour Dieu ; elle est
ressuscitée sacramentellement. C'est pourquoi
la Divine Liturgie doit être aussi le sacrement
de la Résurrection ». (O.CASEL : «Faites
ceci en mémoire de moi », Cerf, Coll.
Lex Orandi, 1962, p. 174.) La Divine Liturgie comprend
deux parties : La Liturgie de la Parole ou Liturgie
des catéchumènes, que nous allons étudier
à présent, et la liturgie des fidèles,
que nous verrons plus loin.
LITURGIE
DE LA PAROLE OU LITURGIE DES CATECHUMENES
Liturgie
de la Parole
« De même que la Proscomidie correspondait
à la vie initiale du Christ, à sa naissance,
révélée seulement aux anges et
à quelques hommes (...) de même la Liturgie
de la Parole correspond à sa vie publique,
parmi les hommes qu'il a catéchisés
par la parole de vérité » (Nicolas
GOGOL : « Méditations sur la Divine Liturgie
», D.D.B. 1952). Pendant son déroulement,
on entend des lectures des Epîtres, ou des Actes
des Apôtres, et de l'Evangile. Autrefois
les catéchumènes, personnes qui viennent
recevoir un enseignement pour se préparer au
baptême, se retiraient au moment de la Liturgie
des fidèles car ils n'avaient pas le droit
d'assister au « mystère », c'est-à-dire
à la communion au sang et au corps du Christ
réservée, comme aujourd'hui encore,
aux seuls baptisés.
1
PRIERES DEVANT L'AUTEL
La
Liturgie des catéchumènes commence par
l'invocation au Saint-Esprit dite à voix basse
par le prêtre : «Roi
céleste, Paraclet., Esprit de vérité,
partout présent et remplissant tout, Trésor
de biens et donateur de vie, viens et demeure en nous,
purifie nous de toute souillure et sauve nos âmes,
Toi qui es bonté.»
Cette prière est dite pour signifier que l'Eglise
vit toujours de la venue du Saint-Esprit à
la Pentecôte. Elle perpétue la présence
de Dieu sur terre jusqu'au second et glorieux avènement.
Tout acte de la vie chrétienne commence par
cette prière afin que la force de l'Esprit
nous accompagne.
2
ENARXIS - PRELUDE
Doxologie
initiale :
Le prêtre tenant l'Evangile à deux mains
trace le signe de la croix au-dessus de l'autel et
dit très haut : «Béni
soit le Règne du Père, et du Fils, et
du Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les
siècles des siècles». «
Puisque c'est par l'Incarnation du Fils qu'éclata
au monde l'évidence du mystère de la
Trinité, c'est pour cette raison-là
précisément que l'invocation de la Trinité
précède et illumine le début
de chacun des actes sacrés et que tout fidèle
doit, après s'être détaché
de tout, se placer, d'emblée, dans le royaume
de la Trinité» (N. GOGOL, op. cit). A
cette invocation, le chur répond : «Amen».
Par ce mot les fidèles expriment leur entière
adhésion à ce qui vient d'être
dit. C'est plus qu'une simple affirmation, c'est un
acte de foi.
Première
grande Litanie ou Ecténie
Elle commence sur une demande instante afin que la
paix nous soit accordée : «En
paix prions le Seigneur».
Il s'agit, en premier lieu, de s'établir dans
un état de paix intérieure. Celui qui
va prendre part à la sainte Liturgie doit bannir
de son esprit tout tumulte ( ... ) Il doit se mettre
devant Dieu dans un état de calme, d'attention
confiante, de concentration sur «l'unique nécessaire».
Et voici aussitôt une seconde demande : "
La paix que nous avions déjà demandée
est autre chose qu'un état d'âme, une
situation psychologique produite par notre effort.
C'est une paix qui vient «d'en haut» (
... ) un don de Dieu ( ... ) D'autre part nous reconnaissons
que la paix divine et le « salut » de
notre âme sont intimement liés. La paix
est un signe de la présence et de l'action
du «Sauveur» en nous.
Voici enfin une troisième demande de paix
"Pour la paix du monde
entier, la stabilité des saintes Eglises de
Dieu et l'union de tous, prions le Seigneur".
(...) Nous prions pour la paix de l'univers (...)
et pour que tous les hommes s'unissent dans un même
amour. » (Un moine de l'Eglise d'Orient : «
l'offrande liturgique» coll. Foi Vivante, éd.
Cerf, 19 88, p. 1314. )
Tout au long de la Liturgie, les grandes et les petites
ecténies se terminent par une commémoration
de la Mère de Dieu et de tous les saints, suivie
d'une prière secrète dite par le prêtre
et d'une ecphonèse qui conclut la prière.
Il s'agit d'une exclamation sous forme de louange
de la Sainte Trinité, une doxologie trinitaire
à laquelle le chur répond par
«Amen».
Les trois antiennes
«séparées par deux petites ecténies
elles constituent comme autant de parvis que nous
franchissons avant d'entrer dans le mystère.
L'homme ne peut accéder à la Présence
de Dieu qu'à travers une préparation
progressive.»
Pendant la troisième antienne qui est le chant
des Béatitudes les célébrants
s'inclinent par trois fois devant l'autel, le prêtre
prend l'Evangile et le remet au diacre.
3
LA PETITE ENTREE
Les
célébrants sortent par la porte nord
du sanctuaire. Le diacre en premier, porte l'Evangile
à hauteur du front. Il est précédé
du porte cierge, la procession se rend devant les
portes saintes. Elle symbolise la venue de Jésus
Lui-même venu prêcher parmi le peuple.
L'Evangile représente la Parole de Dieu. Le
grand cierge devant l'Evangile symbolise « la
lumière qui est venue dans le monde »,
le Christ Lui-même, Verbe de Dieu. Les fidèles
s'inclinent devant Lui. Le prêtre ayant prononcé
à voix basse une prière afin que la
liturgie soit en union avec la Liturgie céleste,
il bénit l'entrée et embrasse l'Evangile.
4
CHANTS ET LECTURES
Pendant
que le chur chante les tropaires et le kondakion
propres du jour ou de la fête, le prêtre
récite à voix basse la prière
du Trisagion auquel succède l'hymne du Trisagion
chanté par le chur.
Le
Trisagion
l'hymne trois fois sainte, est une prière trinitaire
qui puise ses origines dans le chant des anges entendu
par le prophète Isaïe (Is, 6, 18). Plus
de 7 siècles plus tard, il est à nouveau
entendu par l'apôtre Jean lors de la révélation
qu'il eut à Patmos (Apoc. 4,8).
Cette prière est commentée au cours
des Vêpres de la Pentecôte : «Venez,
peuples adorons la divinité en trois personnes,
le Fils dans le Père avec le Saint-Esprit.
Car hors du temps, le Père engendra le Fils
éternel avec Lui sur le même trône.
Et l'Esprit Saint glorifié avec le Fils était
dans le Père, Puissance unique, Etre unique,
Divinité unique que nous adorons tous et nous
disons :
Saint Dieu qui créas l'univers par le Fils
et la synergie du Saint-Esprit, Saint Fort, par qui
nous avons connu le Père et par qui l'Esprit
Saint est venu dans le monde, Saint Immortel, Esprit
consolateur qui procèdes du Père et
reposes dans le Fils, Trinité Sainte, gloire
à Toi.»
Cérémonie
du trône et Lectures
Avant la proclamation du prokiménon, le diacre
invite le prêtre à bénir le trône
de l'évêque. Puis, le diacre ayant demandé
notre attention, le lecteur placé au milieu
de la nef chante le prokiménon et lit l'Apôtre
du jour.
Au cours de cette lecture et pendant l'Alléluia
qui suit, le diacre encense l'autel, le sanctuaire,
l'iconostase et le peuple, «préparant
ainsi, avant la lecture de l'Evangile la venue de
la Parole, présence divine, et rappelle que
pour entendre les paroles évangéliques,
une purification spirituelle du cur est nécessaire».
L'homélie
:
Après la lecture de l'Evangile le prêtre
prononce une homélie. «Pendant celle-ci,
l'Esprit-Saint, par l'intermédiaire du prêtre,
ouvre l'esprit des fidèles « à
l'intelligence des Ecritures». Elle n'est donc
pas une simple explication de la Parole qui vient
d'être proclamée mais bien la prédication
de l'Evangile lui-même. En l'écoutant
nous devrions ressentir ce qu'ont éprouvé
les disciples d'Emmaüs : «Notre cur
n'était-il pas tout brûlant au-dedans
de nous, quand il nous parlait et expliquait les Ecritures».
(Lc, 24, 32) »
5
PRIERES POUR TOUTE L'EGLISE
A
présent «le diacre invite la foule à
prier. Le prêtre de son côté prie
à voix basse, à part soi, pour que les
prières des fidèles soient accueillies
par Dieu. Puis, en prononçant à haute
voix la doxologie finale, il les associe eux aussi
à cette louange de Dieu. Quelle est la prière
du peuple, spécialement opportune après
l'Evangile ? C'est la prière pour ceux qui
sont fidèles à l'Evangile, pour ceux
qui imitent la générosité du
Christ figuré par l'Evangile,» (Saint
Nicolas CABASILAS : «Explication de la Divine
Liturgie», coll. Sources Chrétiennes
n° 4 bis, éd. Cerf, 1967, p. 159. )
l'antimension
Pendant cette prière le prêtre déplie
l'antimension sur l'autel. « L'antimension nappe
contenant des reliques et consacrée par l'évêque,
est un autel portatif. Il rappelle que l'Eglise n'est
sur terre qu'en pèlerinage, en Exode, et elle
ne peut s'y fixer. Sa vraie patrie est la Nouvelle
Terre Promise, le Royaume des cieux vers lequel elle
est en marche. Sur l'antimension est représenté
l'ensevelissement du Christ, pour rappeler que l'autel
représente le saint Tombeau, duquel le Christ
est ressuscité pour faire rayonner la vie sur
tout l'univers».
La Liturgie de la Parole se termine par une prière
pour les catéchumènes et le renvoi de
ceux-ci.