Dieu
est devenu Homme pour que l'homme devienne Dieu en lui.
Au
mystère de la Trinité s'accorde le mystère de la vocation
humaine.
Le
cœur de l'homme aspire à l'union à Dieu.
Le
Credo de Nicée-Constantinople
"Nous
préservons, incorrompue, la doctrine du Seigneur, et adhérons
à la foi qu'il nous a donné, nous la gardons intacte de
toute souillure et amoindrissement, comme un trésor royal
et un monument de grand prix, n'ajoutant rien et ne retranchant
rien". Ce rappel de la lettre de nos patriarches, rédigée
en 1718, nous résume d'emblée ce qui caractérise bien
l'Eglise orthodoxe, à savoir son immuabilité dans la proclamation
et l'affirmation de la vraie foi, sa détermination à rester
fidèle au passé, son sens de la continuité vivante avec
les Eglises des temps anciens et son devoir de transmettre
cethéritage intact aux générations futures. Le mot Orthodoxie,
selon l'étymologie grecque, provient de orthos qui signifie
droit et de doxa qui veut dire opinion, jugement, estime
et gloire. Les Pères grecs utilisent le mot Orthodoxie
pour désigner l'Eglise ; ils entendent par ce terme manifester
la louange dans la Vérité. Le mot orthodoxe est donc synonyme
de vraie foi et vraie gloire (ou vrai culte).C'est pourquoi
les orthodoxes sont convaincus que leur Eglise est dépositaire
de la vraie foi qui glorifie Dieu comme il doit l'être,
et la considère comme l'Eglise du Christ sur la terre.
L'exigence donc de l'Eglise orthodoxe est d'être une Eglise
universelle, non pas exotique ou orientale, mais simplement
chrétienne. La plus importante profession de foi de tous
les Conciles œcuméniques est le Credo de Nicée (325) Constantinople
(381) dont le 6ème Concile (680) confirmera le caractère
d'autorité en tant que "règle de foi" la plus parfaite.
Lu à chaque célébration eucharistique tout comme chaque
jour à l'office de minuit et des complies, il confesse
donc solennellement les dogmes chrétiens qui, avec la
Bible, possèdent une autorité irrévocable et permanente
en tant que définitions doctrinales des Conciles œcuméniques.
Archange
St Michel
Je
crois en seul Dieu, Père tout puissant, créateur du
ciel et de la terre et de toutes choses visibles et
invisibles.
Et
en un seul Seigneur Jésus- Christ, Fils unique de Dieu,
né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière,
vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstanciel
au Père par qui tout a été fait. Qui pour nous autres
hommes et pour notre salut, est descendu des cieux,
s'est incarné du Saint- Esprit et de la Vierge Marie
et s'est fait homme. Qui a été crucifié pour nous sous
Ponce-Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est
ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Qui
est monté au ciel est assis à la droite du Père, d'où
il reviendra en gloire pour juger les vivants et les
morts et son règne n'aura pas de fin.
Et
au Saint-Esprit, Seigneur, qui donne la vie, qui procède
du Père, qui est adoré avec le Père et le Fils, qui
a parlé par les prophètes.
En
l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Je
confesse un seul baptême pour la rémission des péchés.
J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle
à venir. Amen.
Les
sacrements sont appelés "mystères" à cause de la dualité
de ce qui est visible (signe extérieur) et invisible (grâce
spirituelle) dans chaque sacrement. L'Eglise compte sept
sacrements :
+
Baptême
+
Chrismation
+
Eucharistie
+
Pénitence ou confession
+
Ordination (par imposition des mains)
+
Mariage
+
Onction des malades
Il
faut noter qu'il existe d'autres actions qui possèdent
un caractère sacramentel :
+
La prise d'habit monastique
+
La bénédiction des eaux à l'Epiphanie (Théophanie
de Notre Seigneur)
+
Le service des funérailles
Dans
l'Eglise orthodoxe, aujourd'hui comme aux premiers siècles,
les trois sacrements de l'initiation chrétienne (baptême,
chrismation ou confirmation et communion) sont étroitement
liés. Un orthodoxe, sans distinction d'âge, qui devient
un membre du Christ, en reçoit en même temps tous les
privilèges. Le baptême est conféré par triple immersion.
La liturgie habituelle des dimanches et des jours de semaine
est la liturgie de Saint Jean Chrysostome. Sont aussi
utilisées les liturgies de Saint Basile le Grand, de Saint
Jacques frère du Seigneur et la liturgie des Présanctifiés
pendant les jours de semaine du grand Carême à l'exception
des dimanches, du jeudi saint et du samedi saint ; c'est
une liturgie sans consécration, à laquelle la communion
est donnée avec des éléments consacrés le dimanche précédent.
Le
sacrement de l'onction des malades (en grec euchelaion,
huile de prière) apporte non seulement la guérison du
corps, mais aussi le pardon des péchés (voir 1 Jacques
V/14-15). Ce sacrement est destiné à n'importe quel malade,
quelle que soit la gravité du cas. En outre, tous les
chrétiens orthodoxes le reçoivent une fois l'an en semaine
sainte. Pour le P. Serge BOULGAKOFF (L'Orthodoxie p.162)
ce sacrement a deux faces : l'une tournée du côté de la
guérison, l'autre du côté de la délivrance de la maladie
par la mort.
L'Eglise
compte trois ordres majeurs
+
LE DIACONAT
+
LA PRETRISE
+ L'EPISCOPAT
Les
diacres et les prêtres peuvent être mariés pourvu que
le mariage précède l'ordination. Les évêques sont choisis
parmi les moines. Un veuf peut devenir évêque s'il prononce
les vœux monastiques.
L'évêque
seul peut ordonner, le sacre d'un nouvel évêque doit être
fait par deux ou trois évêques au minimum. L'assemblée
toute entière, c'est-à-dire tout le peuple de Dieu présent,
approuve les ordinations en criant "AXIOS"
il est digne.
Le
calendrier ecclésiastique commence le 1er septembre. Parmi
les fêtes Pâques est la fête des fêtes et se place tout
à fait à part. A côté de Pâques, il y a douze fêtes particulièrement
importantes :
+
Nativité de la Vierge (8 septembre)
+
Exaltation de la Croix (14 septembre)
+
Entrée au Temple de la Vierge (21 novembre)
+
Nativité du Christ (25 décembre)
+
Epiphanie ou Théophanie (baptême du Christ 6 janvier)
+ Présentation au Temple du Seigneur (2 février)
+ Annonciation (25 mars)
+
Entrée à Jérusalem (dimanche des Rameaux)
+
Ascension (40 jours après Pâques)
+
Pentecôte (50 jours après Pâques)
+
Transfiguration (6 août)
+
Dormition de la Mère de Dieu (Assomption 15 août)
L'Eglise
orthodoxe, qui regarde l'homme dans son entièreté, corps
et âme, invite le corps à l'ascèse au même titre que l'âme.
L'année comporte quatre grandes périodes de jeûne :
+
Le Grand Carême : sept semaines avant Pâques.
+
Le jeûne des Apôtres, qui commence un lundi, huit jours
après la Pentecôte et finit le 28 juin, veille de St Pierre
et Paul ; il varie entre une et six semaines.
+
Le jeûne de l'Assomption, du 1er au 14 août.
+
Le jeûne de Noël, qui dure 40 jours, du 15 novembre au
24 décembre.
En
règle générale et en plus de ces grandes périodes, on
jeûne aussi chaque mercredi et chaque vendredi (jours
de commémoration de la Croix).
L'icône
est un moyen de connaître Dieu et de s'unir à Lui. Elle
ne peut donc se définir comme un élément décoratif, ni
seulement comme une illustration de l'Ecriture. Au contraire,
elle fait partie intégrante de la liturgie qui nous rend
accessibles à Dieu par la beauté. Dieu en effet ne s'est
pas uniquement fait entendre, Il s'est fait aussi voir
; Il s'est fait Visage. L'Incarnation du Christ fonde
l'icône et l'icône montre l'Incarnation. "Je n'adore pas
la matière ; mais dans l'icône, dit St Jean Damascène,
j'adore le Créateur de la matière qui, à cause de moi,
est devenu matière et par là m'a sauvé".
L'icône
dite de la Trinité de Roublev est une des icônes
les plus connues dans le monde occidentale
Représenter
le Christ, c'est aussi représenter les membres de son
Corps ecclésial : l'icône ne nous montre pas seulement
Dieu qui se fait homme mais aussi l'homme qui se fait
Dieu. Ce qui sera ainsi vrai du visage du Christ le deviendra
de même du visage de l'homme quand l'Esprit le remplit
; autrement dit, l'icône nous fait pressentir la déification
de la personne humaine et la sanctification de l'univers,
c'est-à-dire la vérité des choses et des êtres : sa symbolique
est toujours au service de la personne ; elle s'intègre,
en la manifestant, à la plénitude de la communion.
"Ce
que le livre (les Ecritures saintes) nous dit par le mot,
l'icône nous l'annonce par la couleur et nous le rend
présent" (Concile de Constantinople de 680) : fenêtre
ouverte sur le Royaume de Dieu, l'icône supprime ainsi
toute illustration pure et simple car elle ne dessine
jamais le Transcendant, elle ne "le chosifie pas" ; mais
au contraire elle dessine la présence. Et tout converge
vers le seul rappel : il n'y a pas de vie éternelle hors
du Christ et de ses sacrements. L'icône enfin nous rappelle
que le témoignage de l'Esprit doit devenir aujourd'hui
non seulement service, mais art. L'art de s'unifier dans
"cet œil de notre cœur" qui décèle en tout être humain
la chance de la Beauté du Visage de Dieu en l'homme, seule
capable de déchiffrer le visage de tout homme en Dieu
et cela parce que l'Inaccessible vient à nous pour nous
atteindre à travers tous les visages et toute la beauté
du monde.
Une
autre idée de la spiritualité orthodoxe : la beauté. Quand
on a perdu le sens de la beauté, de la poésie, du silence,
à quoi bon la justice et le pain, car l'homme ne vit pas
que de justice et de pain, il vit aussi de beauté. Et
la beauté, c'est Dieu. Le visage le plus beau, c'est le
visage qui fut le plus blessé, le plus frappé, le visage
du Christ sur la croix. C'est la seule beauté et c'est
la recherche de cette beauté et le désir d'y accéder qui
justifient et qui expliquent la vie du saint.
La
spiritualité orthodoxe ignore l'acquisition des mérites.
Pour l'orthodoxie, grâce et liberté humaine se manifestent
simultanément. Le don de Dieu, puis le libre choix de
l'homme de l'accepter, de l'intégrer dans sa vie. Donc,
grâce et liberté ne peuvent être conçues l'une sans l'autre
et comme la grâce de Dieu ne peut habiter dans les hommes
qui fuient leur salut, la vertu humaine n'est pas non
plus suffisante pour élever à la perfection les âmes étrangères
à la grâce (saint Grégoire de Nysse). C'est en ce sens
que la spiritualité orthodoxe ne connaît pas l'acquisition
des mérites. Pour l'orthodoxie, la sainteté est participation
à la présence divine et le saint est un pénitent, un pécheur
toujours plus conscient d'être le premier des pécheurs
et par-là même ouvert à la grâce. La vie de la sainteté
est donc celle du repentir qui est la seule porte de la
grâce (Isaac le Syrien). Toute la spiritualité orthodoxe
passe par la métanoia et toute la technique de la prière
est greffée sur la métanoia. Ce mot grec englobe et dépasse
la notion courante du repentir, parce qu'il désigne surtout
le retournement de l'esprit comme moyen conscient de l'existence
personnelle. L'homme avait construit le monde autour d'un
moi individuel ou collectif, la projection de l'amour
de Dieu sur son ego, sur son moi. Avec la métanoia, l'homme
met l'absolu au centre de son existence.L'absolu, c'est
Dieu et, dès cet instant il découvre sa propre misère,
il explore ses abîmes qui sont peuplés de monstres, il
implore la grâce qui, oriente vers la foi et l'espérance,
non vers le néant. C'est tout ce retournement de l'être
dès l'instant où soi, esprit, en grâce de l'absolu, prend
conscience objectivement de sa misère. C'est cela la métanoia.A
ce moment là l'homme devient réceptacle de la grâce ;
alors le cœur durci de l'homme va fondre dans les larmes,
ce don qui rappelle l'eau purificatrice du baptême. Toute
expérience spirituelle, dans l'orthodoxie, qui ne passe
pas par le don des larmes, est incomplète, parce que,
justement, cela veut dire que l'homme n'a pas fait toute
la démarche qu'il devait faire pour que son cœur de pierre,
ce cœur dur, insensible, devienne un cœur de chair, un
cœur sensible à la grâce de Dieu. Dès l'instant où l'homme
atteint ce degré de la métanoia, ni le repentir ni les
larmes ne cesseront, mais à travers ce repentir et ces
larmes viendra la joie. Très souvent nous retrouvons dans
les textes orthodoxes le terme de «bienheureuse affliction
».
La
prière de Jésus est une phrase : « Seigneur Jésus-Christ,
Fils de Dieu, aie Pitié de moi le pécheur ». Nous avons
des moines qui ne font que cette prière-là toute la journée.
Le cœur de l'homme récite sans cesse, même dans le sommeil,
C'est Jésus que l'on intériorise en soi, c'est pourquoi
il va émigrer dans notre cœur, La prière de Jésus est
à la fois un appel au secours : « Seigneur Jésus-Christ
aie pitié de moi », donc une occasion d'humilité et une
invocation du nom de Jésus ce qui lui donne toute son
ampleur. Elle résume en quelque sorte la foi chrétienne,
puisque le cœur devient le réceptacle du Nom de Jésus
et communique l'énergie divine. Dans la théologie orthodoxe,
il y a une différence entre « essence » et « énergie ».
Dieu, dans son essence, est inaccessible car l'homme ne
peut pas dépasser sa condition. L'homme est un être créé,
il n'est pas le créateur. L'essence humaine n'est pas
l'essence divine. A ce niveau-là Dieu est inaccessible.
Mais Dieu se manifeste dans le monde. La manifestation
de Dieu dans le monde se définit dans l'orthodoxie comme
l'énergie de Dieu et à ce niveau-là Dieu est participable.
A ce niveau-là l'homme participe à la manifestation de
Dieu dans le monde, d'où la rencontre dynamique basée
sur le désir, de part et d'autre, de participation, de
communion.
Dans
la prière de Jésus tout est cristallisé autour de Nom
de Jésus qui va résonner sans cesse au fond de l'âme
en une communion incessante avec Jésus présent en son
Nom dans le cœur de l'homme.
Cela
aboutit à la quiétude, à la paix intérieure. Cette invocation
est devenue l'oraison-type de l'Orient orthodoxe : « Que
le Nom de Jésus soit comme soudé à votre souffle et à
votre vie entière... » La prière de Jésus, qui est en
fait celle du publicain évangélique, c'est toute la Bible,
tout son Message, réduits à leur essentielle simplicité.
Confession de la Seigneurie de Jésus, de sa divine filiation
à la Trinité... Le commencement et la fin sont ramassés
ici dans une seule parole chargée de la « présence-sacrement
» du Nom du Christ. C'est pourquoi cette prière doit résonner
sans cesse au fond de l'âme. Quand on a acquis cette technique
suprême, on n'a plus besoin d'efforts de pensée, le Nom
de Jésus jaillit de Lui-même, c'est la prière ininterrompue
et cette invocation suivra le rythme de la respiration,
elle sera dans le souffle de l'homme même pendant
le sommeil. "Je dors mais mon esprit veille"
(Cantique 5,2). Il y a certes une technique nécessaire
mais là n'est pas l'absolu. Là n'est pas
le but en soi. Le but, c'est l'acquisition des dons de
l'Esprit par une vie évangélique. La colonne,
l'appui avec lequel se fait l'acquisition des dons de
l'Esprit, c'est la prière. A partir de là,
la prière sera assumée par chacun et chacune
selon ses capacités et selon ses charismes. Ce
mode de prière se trouve à la limite entre
la prière vocale et la prière mentale, entre
la prière méditative et la prière
contemplative. Mais si le nom de Jésus devient
le foyer d'une vie il ne faut pas aller s'imaginer que
l'invocation du Nom soit un moyen court qui dispense des
purifications ascétiques et des autres efforts.
Le Nom de Jésus est Lui-même un instrument
d'ascèse, un filtre au travers duquel ne doivent
passer que les pensées, les paroles, les actes
compatibles avec la vivante réalité que
ce Nom symbolise. C'est à travers cela que toute
vie de prière trouve sa justification et marque
son but final.