Il n’est
un secret pour personne que les Chrétiens Orthodoxes
aiment beaucoup demander l’assistance et la protection
de la très Sainte Vierge Marie et n’hésitent pas à lui
confier les demandes que, par son intermédiaire, ils
adressent à Dieu. Et il en est de même pour tous les
Saints qu’ils invoquent tantôt dans leurs célébrations
tantôt le jour de leur fête.
Il arrive
toutefois que certaines de ces demandes restent sans
réponse. Et c’est de cela que je voudrais vous entretenir
ce matin. Tous en effet nous avons connu ces moments
où nous nous sommes tournés vers Dieu et où nous avons
retiré l'impression de n'avoir pas été entendus.. Et
nous ne comprenons pas pourquoi il en est ainsi. Nous
ne comprenons pas pourquoi, malgré notre grande foi,
malgré nos jeûnes et nos offrandes, Dieu reste silencieux
alors que nous sommes plongés dans une grande détresse.
Par-dessus
tout, nous ne comprenons pas que la sagesse de Dieu
n’est pas la nôtre et que le plus important, pour la
circonstance, c’est tout simplement de nous remettre
totalement, sans condition et en toute circonstance
à sa divine volonté. Jésus, en s’adressant à ses disciples
(Jn 13,33), n’hésite pas à les qualifier du terme :
mes petits enfants. Non seulement enfants : mais petits
enfants ! Une telle expression implique à la fois l’idée
de paternité, l’idée d’une affection profonde et aussi
l’idée d’une sollicitude particulière de tous les instants.
Etre des petits enfants, cela signifie ne pas encore
avoir la force, ne pas encore avoir la perfection de
l’âge adulte.
Quand nous
prions Dieu, tenons-nous devant Lui comme des petits
enfants. Cela ne veut pas dire que nous devons nous
dépouiller de toutes les qualités humaines que nous
avons acquises tout au long de notre existence et que
l’enfant ne possède pas encore. Mais cela veut dire
que nous devons nous dépouiller de nos défauts d’adulte
pour nous revêtir des qualités positives du petit enfant.
Autrement dit, redevenir ce petit enfant qui se place
entre les mains de Dieu et qui se laisse conduire la
main dans la main par le Père qui est aux cieux avec
docilité, avec une absolue confiance.
Nous savons
que Saint Paul était atteint d’une maladie incurable.
« Trois fois, écrit-il dans sa deuxième lettre aux Corinthiens
(12,8-9), j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi.
Mais il m’a dit : ma grâce te suffit ; c’est dans la
faiblesse que ma puissance donne sa mesure ». Et ailleurs,
dans sa lettre aux Hébreux, il explique que Dieu permet
que nous subissions certaines afflictions pour notre
bien, pour « qu’il nous communique sa sainteté » (Hébreux
12,10) et « parce que nous savons que l’affliction produit
la patience, que la patience mène à la fidélité et que
la fidélité conduit à l’espérance (Romains 5, 3-5) »,
laquelle ne trompe pas. Les tristesses que l’homme de
foi traverse tout au long de sa vie terrestre le mettent
certes à l’épreuve. Mais chaque épreuve le fortifie
aussi dans son espérance et au bout du compte cette
espérance finit toujours par porter du fruit.
Notre vie
est semée de nombreuses embûches et de nombreuses épreuves
qui nous font dire dans notre prière : « Seigneur, viens
à mon secours, libère-moi ! » La réponse, nous la trouvons
dans ces paroles même du Christ au mont des Oliviers
alors qu'Il est sur le point d'être arrêté par ceux
qui s'apprêtent à Le crucifier : « Mon Père, s'il est
possible, que cette coupe passe loin de moi ! Toutefois,
non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ( Mt 26,39)
». La leçon est ici double :
- En premier
lieu, à chacune de nos demandes, n'omettons pas d'ajouter
: « toutefois, non pas selon ce que moi je veux, mais
selon ce que Toi tu veux ». Sans doute que, d'après
nos propres critères, nos interventions sont justifiées
. Mais Dieu les mesure à l'aune de sa sagesse et de
notre foi, selon ce qui Lui semble nous être le plus
profitable, essentiellement en vue de notre propre édification
spirituelle.
- Tel est
en effet le second enseignement que nous trouvons dans
la lecture de l'évangile de ce matin (Luc 10,41-42):
« Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour
beaucoup de choses, alors qu'une seule est nécessaire.
Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point
ôtée ». Oui, nous nous agitons pour beaucoup de choses
: nos problèmes de famille, nos interrogations et nos
incertitudes pour l'avenir, nos épreuves qui surgissent
avec la maladie, la vieillesse et bien d'autres... Epreuves
pour lesquelles nous sommes en droit d'espérer le soutien
qui vient d'en-haut. Marthe, selon l'Evangéliste Luc,
avait pour seul souci de bien accueillir son hôte, aussi
avait-elle porté toute son attention sur les choses
matérielles tandis que Marie s'était contentée de se
mettre à l'écoute de Jésus. La réaction de Jésus est
sans équivoque : toute intercession, aussi légitime
soit-elle, n'est pas nécessairement agréable à Dieu.
Chaque fois donc que nous ne recevons de Lui aucune
réponse, commençons par nous demander sur quelle base
notre prière est fondée ; sur quoi nous avons mis l'accent
: sur le matériel ou sur le spirituel? Ce que Dieu retiendra,
c'est d'abord notre bien-être spirituel auquel s'ajouteront
de surcroit les bienfaits matériels. Tel fut le choix
de Marie à l'opposé de celui de Marthe, aussi louable
fût-il, et « cette part, dit le Christ, ne lui sera
point ôtée ».
Chers Frères
et Sœurs en Christ,
«
Recherchez encore et encore ce qui est agréable au Seigneur
et n'ayez complicité dans aucune œuvre stérile des ténèbres
nous conseille Saint Paul (Ephésiens 5/10-11) ; au contraire,
condamnez-les ouvertement ». Alors, alors seulement
notre prière - appuyée par la Mère de Dieu et tous les
Saints que nous invoquons - s'élèvera agréablement jusqu'au
ciel comme la fumée de l'encens et de son parfum rejaillira
sur nous et sur nos demandes la grâce du Seigneur. Amen
!