MESSAGE
DE NOTRE METROPOLITE
Mt
5/ 43-44 : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras
ton prochain et tu haïras ton ennemi ! Mais moi je vous
dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent,
faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour
ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin
que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux…
»
Le
passage de l’Evangile que nous venons de lire nous montre
clairement que notre destinée éternelle dépend de notre
comportement envers l’autre. Pour le Christ, tous les
hommes se retrouvent frères : il n’y a plus d’ennemis.
Quand Jésus s’adresse à moi et me dit : aime ton ennemi,
fais du bien à celui qui te hait, prie pour celui qui
te persécute, l’étiquette est bien mise ; on est bien
en présence d’un méchant et pourtant, par-delà ce méchant,
il y a quelque chose qui le dépasse infiniment et qui
nous introduit dans un projet nouveau et inouï, celui
de stopper la spirale de la violence.
Tout
le message du Christ ici est justement de détruire cette
barrière et de transcender l’instinct de l’homme déchu
pour l’ouvrir à Sa présence et pour faire de l’autre,
le frère, un authentique sacrement. Aimer le méchant,
alors que le monde accepte trop la violence comme une
donnée indiscutable, prier pour l’ennemi alors que cela
paraît si naturel de riposter et de se venger, c’est
tuer le mal à sa racine. Ce mal qui est la négation
même de la liberté que Dieu a reconnue à ses enfants.
Si
nous voulons mesurer l’énorme retournement sur soi que
propose Jésus, ouvrons notre Bible d’abord à Genèse
4/24 où il est écrit que Lameck sera vengé 77 fois et
mettons-nous ensuite à la place de Pierre qui reçoit
dans Matthieu (18/22) cette réponse : Pardonne jusqu’à
70 fois 7 fois. Et nous comprendrons que ce retournement
commence très réellement dès que nous avons le courage
de dire non à notre propre violence. Pas à la violence
de l’autre, à la nôtre.
Il
n’est pas commode l’Evangile. Mais la leçon est claire
: la violence n’a jamais rien appris à personne ; elle
ne fait qu’appeler encore plus de violence.
Ne
te laisse pas vaincre pas le mal, écrit Saint Paul dans
sa lettre aux Romains (12/17). Chaque fois qu’un chrétien
stoppe la transmission de la violence en refusant d’être
un maillon de la chaîne du mal, chaque fois un monde
nouveau naît.
Telle
aussi est finalement la réponse agissante du Saint Esprit
qui rend le Christ présent dans chaque homme, quel qu’il
soit, conformément à sa promesse.
+STEPHANOS,
Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.
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