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DES SAINTES HUILES
Mercredi Saint 31 mars 2010
Chers Frères
et Soeurs en Christ,
Ce grand
et saint mercredi après-midi nous célébrons le sacrement
de l’Huile sainte, qui remonte au temps des premiers
apôtres. Voici en effet ce que nous lisons dans l’épître
de Saint Jacques (5,14) : „Quelqu’un parmi vous est-il
infirme? Qu’il appelle les prêtres de l’Eglise et que
ceux-ci prient pour lui en l’oignant d’huile au nom
du Seigneur : la prière de la foi sauvera le malade
et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés,
ils lui seront pardonnés...“ Ce qui fait dire à Syméon
de Salonique que le sacrement de l’Huile sainte „ guérit
les maladies, relève les malades et pardonne les péchés“.
Au cours
de cette célébration nous demanderons au Christ qu’il
nous donne, par le Sacrement de l’Onction, la guérison
de l’âme et du corps. Chaque fois que nous lisons les
évangiles, nous constatons combien le Christ insiste
d'abord sur la guérison de l’âme et seulement après
sur celle du corps. Cela explique la place de ce Sacrement
pendant la Semaine Sainte, pour tous les fidèles et
célébrants présents, malades ou non dans leurs corps.
Tant il vrai que péché et maladie sont interdépendants
l’un de l’autre.“Le salaire du péché, écrit Saint Paul
dans son épitre aux Romains (6,23), c’est la mort; tandis
que le don de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ
Jésus, notre Seigneur“
A chacun
de ses miracles Jésus ne cesse de nous recommander avec
insistance de changer de manière de vivre.“Te voilà
guéri, dit-il au paralytique de Béthesda, ne pèche plus
; il pourrait t’arriver quelque chose de pire“(Jean
5,14). Et de même à Capernaüm, il dit à la foule qui
accompagne cet autre paralytique :“Eh bien, pour vous
faire comprendre que le Fils de l’homme a sur terre
le pouvoir de remettre les péchés, lève-toi, prends
ta civière et rentre chez toi“ (Matthieu 9,6). Cette
civière servira de témoignage. Elle rappellera l’infirmité
dont l’homme a été guéri.
De cette
manière et pour ce qui nous concerne, Jésus ne veut
pas que l’on oublie ou que l'on ignore ce dont on a
été sauvé, ce qui a été pardonné. La civière du paralytique
est pour nous un signe. Il nous rappelle que ce qui
est essentiel, c’est que nous soyons changés à l’intérieur
de nous-mêmes et que notre changement intérieur puisse
aussi changer ceux qui nous entourent. Cela nécessite
beaucoup de courage et beaucoup d’humilité pour que
ceux qui nous ont connu avant que nous fussions changés
se rendent compte de ce que le Sauveur a opéré en nous.
L'Eternel
"restaure mon âme", chante le psalmiste (Psaume
23,3). Que fait le Seigneur pour cette vie qui est la
mienne ? Il la restaure. Restaurer signifie guérir.
La guérison n'a lieu que s'il y a eu une certaine perte
ou lésion. Les conséquences de la perte ou du dommage
doivent être effacées. Dire que le Seigneur restaure
frondamentaélement ma vie, cela signifie qu'il vient
pour chercher et sauver ce qui était perdu en moi (Luc
19,10).
Ce qui était
perdu...Quand je suis désespérément écrasé par le péché,
lorsque je sens avoir perdu toute la bonté qui m'habitait,
le pouvoir rédempteur du Seigneur m'arrache au péché
et au mal. Parler de la maladie ou de la mort d'une
âme, c'est parler de l'état de celui qui ne se laisse
plus mener par le Seigneur sur le bon chemin. La guérison
survient lorsque ce quelqu'un accepte de nouveau le
Seigneur comme guide et le suit partout où il le conduit.
Les premiers
fruits du Sacrement de l'Onction sont la guérison corporelle.
Toutefois, l'acquisition de la santé du corps dépend
exclusivement de la divine Providence. Aussi en cas
de non guérison physique, il ne faut pas désespérer.
L'amour de Dieu n'abandonne personne. Un grand professeur
de Théologie du siècle passé, Panayotis Trembelas, écrit
ceci à propos des Saintes Huiles : "Si par la réception
de ce sacrement le malade ne retrouve pas sa pleine
santé physique, cela n'est pas toujours dû à son manque
de foi mais à l'économie de la divine providence qui
agit de manière bienfaisante sur le malade". Autrement
dit, il arrive que la sagesse de Dieu agisse de la sorte
pour que grandisse chez le malade sa foi, sa patience
et son espérance. Même si on ne reçoit pas une totale
guérison de sa maladie, il ne faut jamais douter que
les dons spirituels, qui sont conférés par ce sacrement,
ne cessent d'agir tant au profit de l'âme que du corps.
Dans son
épître, l'apôtre Jacques précise que ce sacrement est
aussi donné en rémission des péchés. En cette grande
et sainte cette Semaine il convient que nous prenions
tout spécialement et pleinement conscience non seulement
de la grandeur mais aussi de la misère de notre nature
humaine et des effets du péché sur notre existence.
Nous avons besoin d'apprendre, par le douloureux chemin
de notre expérience personnelle, le sens du vrai repentir,
de l'humble retour du Fils prodigue. Il nous faut renoncer
à toute notre fierté pour retourner sur le chemin de
l'enfance spirituelle et crier d'un coeur brisé vers
le Christ Libérateur qui seul peut nous apporter du
secours.
Voilà pourquoi
le Sacrement de l'Huile sainte a ici sa place. Dans
la mesure où notre repentir est sincère, il nous offre
aussi, avec la guérison du corps, la guérison de l'âme.
Entendons-nous bien : ce sacrement ne peut en aucun
cas se substituer au sacrement de la confession. Il
faut plutôt le considérer comme un complément. Le sacrement
de l'Huile sainte efface les péchés involontaires ou
ceux que l'on a sincèrement oubliés lors d'une précédente
confession ou ceux dont on ne se souvient plus ou ceux
qui, pour cause de pertrurbations mentales, ont été
effacés ou se sont perdus dans les dédales de la pensée
ou de la mémoire humaines.
Voilà très
brièvement résumé, mes chers Frères et Soeurs, comment
l'Amour sans Limites qui est Jésus est à l'oeuvre en
chacun de nous pour rendre pur ce qui est impur, pourvu
que nous fassions naître un changement intérieur dans
chacun de nos coeurs. Ce soir le Christ nous demande
de dilater notre coeur aux dimensions du sien.
Alors,
mais alors seulement nous connaîtrons le "don de
Dieu", qui n'est autre que le don que le Père fait
de son Fils aux hommes. Amen !