MAGNIFICAT
!
Marie
dit : "Mon âme exalte
le Seigneur" (Lc1, 46). Car il
va naître d'elle Celui qui a pour nom miséricorde et
vérité pour que l'homme ne soit jamais plus un simple
mendiant d'amour, pour que le coeur de l'homme devienne
désormais trône de la grâce divine.
"...Et
mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur"
(Luc 1, 47) Toujours la louange d'abord ; elle sied
si bien à l'âme. Et le tressaillement de joie de l'esprit.
Pour Marie, sa joie c'est Jésus ; uniquement son Fils.
"Mon
âme exalte le Seigneur" La prière
de Marie est toute entière taillée dans le tissu du
silence et de la raison. Elle est doxologie incessante
; pour nous parole de vie ; par-dessus tout reconnaissance
infinie à Dieu pour tout ce qui nous vient d'en-haut
et que si souvent nous ignorons. Aucune autre créature
au monde n'a jamais à ce point aimé Dieu. Aucune autre
créature au monde n'a jamais été à ce point aimée par
Dieu. C'est là le privilège mystérieux de Marie - Theotokos,
par qui a brillé dans le monde le jour du Seigneur telle
une Lumière joyeuse et ce jusqu'à la fin des temps.
Marie
dit aussi : "...parce
qu'il a jeté ses yeux sur la bassesse de sa servante"
(Luc 1, 48) Sans humilité, point d'édifice spirituel.
Sans humilité, point de véritable sainteté ! "Heureux
les pauvres en esprit", dit le Christ (Mt 5, 3)
et nous en retour nous clamons : "toutes les générations,
Mère de Dieu, nous te disons bienheureuse".
Marie
dit encore : "...le
Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses"
(Luc 1, 49) Non pas seulement à cause et pour
ses vertus mais afin, qu'en elle et par elle, il montre
la force de son bras. "Comment pourrais-je, s'écrie
St Nicodème l'Hagiorite, mesurer toutes les merveilles
que Dieu a faites en Marie ? Elles sont innombrables
et nul jamais ne pourra les compter. Et quand bien même
tous ceux qui ont été sauvés par son Fils pouvaient
tous les décrire ensemble au même moment d'une seule
bouche et d'une seule langue, cela ne suffirait pas
à les raconter toutes, ni même à les honorer comme il
leur convient. Ni anges, ni Chérubins, ni Séraphins
ne sont capables de contenir et de louer toutes les
merveilles surnaturelles de Marie".
Marie
dit enfin : "Il a
secouru Israël son serviteur, Il s'est souvenu de sa
miséricorde" (Luc
1, 54) Pour que plus jamais, nul ne vienne à douter
que le seul artisan de ces grandes choses, c'est Dieu
Lui-même ; pour que plus jamais nul ne vienne à douter
que Jésus, son Fils, Lui le Dieu véritable s'est véritablement
fait Homme et qu'Il a habité parmi nous à cause de son
immense compassion pour notre faiblesse.
Marie
est bien pour nous, la seule comptable et la seule gardienne
de tous les trésors du Royaume. Non pas en vue de sa
propre jouissance, mais pour qu'ils soient distribués
jusqu'au dernier à tout être sensible et raisonnable,
qu'il soit ange dans le ciel ou homme sur la terre.
Elle est l'articulation entre Dieu et nous. Pour que
Dieu devienne "Fils de l'Homme" et que nous
devenions les fils de Dieu ; pour que, selon saint Grégoire
Palamas, "la terre devienne, par elle, ciel et
que le genre humain soit déifié".
L'Evangéliste
Luc ajoute pour notre entendement :"Elle
gardait tout cela dans son coeur"
(Luc 2, 51) Durant toute sa vie terrestre Marie n'a
en effet jamais cessé de mettre et de remettre sur le
métier de tout son être, cette exhortation de son propre
Fils : "Heureux ceux qui écoutent la parole de
Dieu et qui la gardent" (Luc 2, 28). Imitons-la
nous aussi tandis que nous nous tournons vers elle avec
confiance :
"Vierge
Marie, Mère de Dieu, Reine du ciel,
bénie
entre toutes les femmes,
réjois-toi,
sceptre de David,
réjouis-toi
réceptacle divin;
réjouis-toi,
table sainte,
ô
notre consolation et notre espérance,
réjouis-toi".
Métropolite
Stephanos de Tallinn