Saint Just (en latin : Iustus) naquit à Tournon,
sur les bords du Rhône, dans la première
moitié du IVe siècle. Son père
était gouverneur de la province environnante,
appelée depuis Vivarais. Lorsque le jeune Just
eut atteint l'âge d'étudier, ses parents,
qui voulaient lui donner une éducation chrétienne,
le mirent sous la conduite de saint Paschasius, archevêque
de Vienne, qui fut l'un des plus grands évêques
de son temps.
Ce dernier eut la satisfaction de voir son jeune disciple
croître en sagesse et en vertu. Just fit à
son école de si grands progrès dans la
prière et dans l'étude des Saintes Ecritures
que Claudius, le successeur de saint Paschasius, l'ordonna
diacre. Peu de temps après, vers 350, à
la suite de la mort de Vérissimus, le siège
épiscopal de Lyon étant vacant, saint
Just y fut élu malgré les vains efforts
qu'il fournit pour se soustraire à cet honneur.
Il gouverna son peuple avec tant de zèle, d'humilité
et de douceur que tous le regardaient comme un ange
descendu du ciel. Son zèle le rendit la terreur
des démons et des païens. Sa miséricorde
était si grande qu'on l'appelait le Père
des pauvres, le protecteur des veuves et des orphelins,
le refuge des malades. Il était attentif à
tous et sa charité s'étendait à
toutes les créatures.
Il participa à deux conciles, celui de Valence
en 374, puis celui d'Aquilée en 381, ce dernier
fut réuni pour condamner l'hérésie
arienne. Deux évêques de ce parti, Palladius
et Secondianus, appuyés par Justine, femme de
l'empereur Valentinien l'Ancien, demandaient un concile
général pour revoir ce qui avait déjà
été arrêté et défini.
Saint Ambroise de Milan s'y opposa, et consentit seulement
à la tenue d'un concile provincial. Néanmoins,
l'empereur Gratien laissa à d'autres évêques
la liberté d'y assister. Ceux des Gaules furent
convoqués, mais, ne voulant pas quitter leurs
diocèses, ils se contentèrent d'y envoyer
trois députés. Saint Just fut l'un d'eux.
Il se rendit à Aquilée et fut l'un des
trente-deux évêques qui composèrent
le concile, que présidait saint Valérien
d'Aquilée. Saint Ambroise ouvrit la séance
inaugurale et demanda à saint Just de prendre
la parole. Celui-ci déclara, au nom de tous les
évêques des Gaules, que celui qui ne confessait
pas que le Fils de Dieu était coéternel
à son Père devait être anathème.
Dès lors, il demanda que l'on destituât
Palladius et Secondianus de l'épiscopat et du
sacerdoce, comme des blasphémateurs qui suivaient
les erreurs impies d'Arius. Cette proposition fut entérinée
par l'ensemble du concile. Saint Just sortit de cette
assemblée avec la gloire d'avoir soutenu la foi
orthodoxe et d'avoir dignement représenté
l'épiscopat des Gaules.
Peu après son retour, alors que l'on espérait
le voir diriger son Eglise pendant de nombreuses années
encore, un incident imprévu le fit renoncer à
sa charge et l'amena à se retirer au désert,
pour donner libre cours à son zèle pour
la prière et la solitude.
Un homme en proie à la folie, dans un accès
de violence, massacra plusieurs personnes dans les rues
de Lyon. On voulut le saisir, mais, revenant à
lui, l'homme s'échappa et alla se réfugier
dans l'église où il s'enferma. La sainteté
du lieu arrêta quelque temps le peuple et l'empêcha
de passer outre ; mais le tumulte reprenant peu à
peu, on menaça saint Just, qui soutenait l'immunité
de cet asile, de briser ou de brûler les portes
s'il ne le faisait pas sortir. Il leur expliqua, avec
sa douceur et son zèle ordinaires, qu'ils commettraient
un grand crime en violant la sainteté du temple
de Dieu. Sur ces entrefaites, un magistrat arriva. Il
espérait par son adresse apaiser le tumulte.
II s'adressa à l'évêque et le pria
de lui livrer cet homme pour le conduire en prison,
en lui donnant sa parole que, dès que le trouble
serait apaisé et les gens dispersés, il
le lui ramènerait. L'homme de Dieu lui fit confiance
et lui livra le malheureux; mais à peine fut-il
sorti de l'église que le peuple l'arracha des
mains du magistrat, le traîna par les rues et
le fit mourir cruellement.
Cet événement affecta profondément
saint Just ; sans chercher à se justifier en
prétextant sa bonne foi et ses bonnes intentions,
il se regarda comme responsable de la mort de cet homme.
Il n'accusa ni le peuple ni le magistrat, mais se déclara
lui-même indigne de l'épiscopat, et se
retira dans sa maison natale de Tournon. Tous ses amis,
venus l'y visiter, ne parvinrent pas à le faire
revenir sur sa décision.
Une nuit, il partit secrètement de sa demeure
accompagné d'un jeune lecteur de son église,
nommé Viator. Il prit le chemin d'Arles, puis
de Marseille, où il s'embarqua pour l'Egypte.
A peine arrivé, il se retira au désert
de Scété en compagnie des saints moines
qui peuplaient alors ces solitudes. Il ne révéla
ni son nom ni sa dignité, mais, en compagnie
de saint Viator son compagnon, il vécut au désert
comme un simple moine ignoré de tous. Il demeura
ainsi pendant plusieurs années dans une profonde
humilité et une parfaite obéissance. Dieu,
cependant, qui ne voulait pas laisser méconnaître
une telle sainteté, lui qui élève
ceux qui s'humilient, permit qu'un pèlerin lyonnais
se fit moine dans le monastère où vivait
notre saint. L'ayant reconnu, il fit une métanie
devant lui et lui demanda sa bénédiction.
Les moines, étonnés, lui demandèrent
la raison d'un tel geste. Il leur répondit que
cet humble moine qui vivait au milieu d'eux depuis plusieurs
années n'était autre que le grand évêque
Just, métropolite de Lyon. Pendant que celui-ci
se désolait d'avoir été reconnu,
l'ensemble de la communauté, confuse de ne pas
l'avoir traité selon sa dignité, lui demanda
pardon du peu de respect qu'elle lui avait témoigné
jusqu'à ce jour, dans l'ignorance qu'elle était
de sa dignité. Mais lui les pria de le garder
en leur compagnie comme auparavant, sans égard
à son rang, ce qu'ils acceptèrent. Il
continua donc à vivre comme un simple moine avec
la même perfection et la même humilité,
se contentant de prier sans cesse pour son troupeau
qui était toujours présent à son
esprit.
Quelques années passèrent jusqu'à
ce qu'Antiochus, qui devait être le troisième
successeur de Just sur le siège épiscopal
de Lyon, poussé par l'Esprit, eut le désir
de revoir le saint prélat. Il s'embarqua donc
à Marseille pour l'Egypte. Saint Just, qui en
avait eu la révélation, annonça
cette nouvelle à saint Viator, et lui indiquait
étape par étape les lieux par où
Antiochus passait. Après que ce dernier eut rejoint
leur monastère, une fois les salutations achevées,
saint Just prit la parole et dit : " Sois le bienvenu,
la fin de ma vie approche et Dieu t'a envoyé
pour me rendre les devoirs de la sépulture".
Antiochus et Viator furent attristés de ces paroles.
Le compagnon de Just le lui déclara, mais celui-ci
le consola par une autre prédication : "
Ne t'attriste pas, mon enfant, de me voir partir de
ce monde; tu me suivras bientôt dans la vie éternelle.
" En effet, saint Just expira le 2 septembre 390,
et son disciple le suivit un mois après.
Les Lyonnais, ayant appris la mort de leur évêque,
envoyèrent quelques uns d'entre eux en Egypte
pour aller chercher son corps et le ramener à
Lyon, où on l'inhuma dans l'église des
Macchabées, qui était à cette époque
la cathédrale de la ville.
Le tombeau de ce grand évêque de Lyon devint
l'objet de la vénération de tout le peuple.
Chaque année, pour sa fête, des foules
nombreuses s'y rassemblaient. Saint Sidoine Apollinaire
qui y avait assisté, raconte que l'on marchait
en procession avant le jour, et qu'il y avait une si
grande affluence de peuple que l'église ne pouvait
le contenir en entier. Un nombre infini de cierges étaient
allumés. Pendant l'agrypnie, les psaumes étaient
chantés alternativement à deux churs
par les moines, le clergé et les fidèles.
A l'issue de cet office, on se retirait jusqu'à
l'heure de Tierce à laquelle on se rassemblait
pour la Divine liturgie.
Retour
au sommaire
|