Les
anges ne disent pas simplement aux bergers qu'un
Sauveur est né. Ils disent : " Il
vous est né un Sauveur ", Jésus
naît pour chacun des bergers. Sa nativité
demeure pour chacun de nous un événement
très personnel ; Jésus est un
don offert à chaque homme.
Il n'y a pas de place dans l'hôtellerie
ni pour Marie portant Jésus, ni pour
Joseph. II n'y a pas de place dans l'hôtellerie
de ce monde pour le disciple de Jésus.
Si je parviens à m'y ménager une
place, quelle facilité dangereuse ! Qu'y
a-t-il de commun entre l'hôtellerie et
la crèche ?
Un moine de l'Eglise d'Orient
" Jésus "
Généalogie
de Jésus-Christ : ainsi commence l'Evangile.
cette longue liste de noms hébreux, que
signifie-t-elle ? Pour les Juifs, nécessité
de souligner la descendance davidique du Messie.
Autre sens : dans cette lignée, il y a
des meurtriers, des adultères, des incestueux.
Si Jésus naît dans mon âme,
il naît malgré et à travers
l'accumulation de mes péchés. Jésus
perce, trouve sa voie à travers mes fautes,
les surmontant l'une après l'autre. C'est
sa généalogie en moi. Dans cette
percée resplendit sa miséricorde,
sa condescendance, aussi sa force.
Marie, portant l'enfant dans son sein, et Joseph
vont se faire inscrire à Bethléem.
Ce n'est ni à Rome, ni à Athènes,
ni à Jérusalem que Jésus
a voulu naître. De même, le mystère
de la Nativité de Jésus ne nous
est accessible que dans la pauvre bourgade de
Judée. Monter à Bethléem,
devenir citoyen de Bethléem, acquérir,
non obtenir, l'humble esprit de Bethléem.
Maintenant,
il ne nous reste plus qu'à savoir comment nous
pouvons faire venir le Christ dans notre maison. Nous
savons qu'il ne dédaigne pas même une chaumière.
Il va même chez les publicains quand ils l'appellent
avec des sentiments sincères. Plus encore : il
se tient à la porte et frappe, comme il le dit
dans l'Apocalypse. Pour nous, il est venu dans un sein
virginal et, s'étant formé un corps du
sang de la Vierge, il est né d'une façon
miraculeuse. Pour nous, il ne dédaigna point
une crèche de bestiaux, où il voulut bien
reposer enveloppé de langes. Il n'abhorrera pas
non plus notre misérable hutte, si nous le prions
avec humilité, car il est miséricordieux
et il aime l'homme, il cède aux demandes humbles.
Il s'abaissera aussi jusqu'à notre humilité
; tombons seulement à ses pieds, en imitant la
sagesse des mages. Tombons aux pieds de celui qui n'est
plus enveloppé de langes, mais assis sur le trône
de gloire avec le Père et l'Esprit Saint. Au
lieu d'or, d'encens et de myrrhe, présentons-lui
une humble prière. Et puisqu'il trouve son repos
dans la charité chrétienne, entourons-nous
de charité, préparons-nous. En voyant
notre frère affamé, donnons-lui à
manger ; en voyant qu'il a soif, donnons-lui à
boire ; s'il est nu, habillons-le ; s'il est voyageur
sans abri, introduisons-le dans notre maison et donnons-lui
l'hospitalité ; s'il est malade, visitons, consolons
et servons-le ; montrons de la charité aussi
envers le détenu et servons-le selon nos moyens.
En un mot, aimons nos frères comme nous-mêmes.
Tikhon ZADONSKY "Ascètes
russes"
SAINT
BASILE, Evêque de Césarée
HOMELIE 6 CONTRE LA RICHESSE
A qui fais-je du tort ? dit l'avare, en gardant
ce qui m'appartient ? " Mais quels sont,
dis-le-moi, les biens qui t'appartiennent ? D'où
les as-tu tirés ? Tu rassembles à
un homme qui prenant place au théâtre,
voudrait empêcher les autres d'entrer et
entendrait jouir seul du spectacle auquel tous
ont droit. Tels sont les riches : les biens communs
qu'ils ont accaparés, ils s'en décrètent
les maîtres, parce qu'ils en sont les premiers
occupants. Si chacun ne gardait que ce qui est
requis pour ses besoins courants, et que le superflu
il le laissât aux indigents, la richesse
et la pauvreté seraient abolies. N'es-tu
pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne retourneras-tu
pas nu dans la terre ? Ces biens actuels, d'où
te viennent-ils ? Si tu me réponds : "
du hasard ", tu es un mécréant,
car tu ne reconnais pas ton Créateur, plein
d'ingratitude envers celui qui t'a pourvu. Et
si tu avoues que ce sont les dons de Dieu, explique-nous
la raison de ta fortune. La dois-tu à "
l'injustice " de ce Dieu qui répartit
inégalement les biens de la vie ? Pourquoi
es-tu riche et celui-là pauvre ? N'est-ce
pas uniquement pour que ta bonté et ta
gestion désintéressée trouvent
leur récompense, tandis que le pauvre sera
gratifié des prix magnifiques promis à
sa patience ?
Et
toi qui enveloppes tous tes biens dans les plis
d'une insatiable avarice, tu estimes ne brimer
personne en privant tant de malheureux ?
Exhortation
au pied de la crèche
À propos de ceux qui courent après les
richesses
Celui
qui aime son prochain comme soi-même ne doit posséder
rien d'autre que son prochain. Plus on possède
des richesses, plus on est en manque d'amour.
Je te dirai aussi autre chose. Cela te semblera très
étrange et c'est pourtant ce qu'il y a de plus
vrai. Plus tu dépenses tes richesses selon la
volonté de Dieu, plus elles t'appartiennent.
En voulant préserver ton trésor tu le
perds, en le distribuant sans restriction tu ne le perds
jamais.
Tu prétends qu'il t'est nécessaire d'avoir
de l'argent, mais la plupart du temps tu dépasses
largement les limites de l'usage dont tu as besoin.
Tu possèdes beaucoup de véhicules. II
y a dans tes écuries un nombre incalculable de
chevaux dont tu connais le moindre détail de
leur arbre généalogique et tu en es fier
comme s'il s'agissait de personnes humaines. Leurs harnais
et leurs selles sont tout tissés d'argent et
d'or et tu jettes sur leur dos des tapis et tu les pares
comme des fiancés que l'on conduit au mariage
et aussi tu possèdes tellement de mulets que
tu les disposes selon la couleur de leur robe.
Lorsque enfin de compte tu n'arrives pas à dépenser
tous tes biens pour assouvir toutes tes extravagances
alors tu les caches en terre. Folie insensée.
Lorsque l'or était naturellement caché
sous terre tu cherchais à le découvrir.
Maintenant que tu le tiens dans tes mains, tu fais le
maximum pour l'enterrer à nouveau.
Je connais bien des gens qui jeûnent, qui prient,
qui versent des larmes et qui s'adonnent sans compter
à la piété. Mais ils ne montrent
aucun intérêt à faire la moindre
dépense pour les pauvres. A quoi sert donc toute
cette vertu ? Cette espèce là ne convient
pas au Royaume des Cieux.
Et que dire de toutes ces femmes qui ne laissent pas
un instant leur mari souffler parce que aucune richesse
ne suffit pour leur passer autour des bras toutes ces
" menottes " dorées à cause
de leur soif du luxe.
Tu te justifies que tu n'as pas d'argent. De ce point
de vue là je suis d'accord avec toi. Pauvre est
celui à qui il manque beaucoup de choses. Pourtant
ce qui te manque à toi ce n'est pas ce qui t'est
nécessaire par pauvreté mais plutôt
tu es en manque permanent à cause de tes désirs
insatiables.
Tu te justifies en disant que l'argent est nécessaire
pour élever tes enfants. Encore un beau prétexte
pour justifier ta vanité. En fait, tu mets en
avant tes enfants pour essayer de trouver quelques justifications
vis-à-vis de ta conscience. Ne rends pas responsable
celui qui n'est pas responsable. Les enfants ont leur
propre Père et leur propre Économe qui
est Dieu... Lorsque tu demandais à Dieu de te
donner des enfants et que tu quémandais auprès
de Lui la paternité, est-ce que tu ajoutais aussi
ces paroles : " Donne-moi des enfants pour que
je viole tes commandements " au lieu de "
Donne-moi des enfants pour que je puisse accéder
au Royaume des Cieux ? "
Et qui te garantit que l'héritage que tu laisseras
à ton fils sera bien utilisé ?
Saint Basile le Grand
2ème
Homélie sur Noël
Que dire ? Comment parler ? Un tel prodige me jette
dans la stupéfaction. L'Ancien des Jours est
devenu petit enfant ; Celui qui siège sur le
trône sublime du haut du Ciel est couché
dans une mangeoire ; l'impalpable, le simple, l'incomposé,
l'incorporel est touché par des mains humaines
; Celui qui délie les liens du péché
est lié de bandelettes parce qu'il le veut ainsi.
Il a décidé de changer la bassesse en
honneur, de revêtir de gloire l'Ignominie, et
de montrer que les limites de l'abaissement sont celles
de la force. Voilà pourquoi Il subit mon corps
: pour que je devienne capable du Verbe ; il prend ma
chair et me donne son esprit ; en donnant et en prenant,
il me prépare un trésor de vie. Il a pris
ma chair pour me sanctifier; il me donne son esprit
pour me sauver...
Aujourd'hui, l'antique lien est délié,
le Diable confondu, les démons en fuite, la mort
détruite, le paradis rouvert, la malédiction
abolie, le péché rejeté, liée
l'erreur, et la vérité revient. La parole
de piété est partout répandue,
elle court à travers le monde; la manière
de vivre des cieux est plantée sur terre, les
Anges sont en communication avec les hommes, les hommes
leur parlent sans crainte aucune. Pourquoi : Dieu est
venu sur terre, l'homme est introduit au ciel : c'est
le grand échange...
Que dire encore ? Comment parler ? Je vois un charpentier,
une crèche, un enfant, des bandelettes, une Vierge
qui met au monde dans le dénuement ; tout est
pauvre, tout respire la pauvreté. Mais, vois-tu,
que de richesses dans cette pauvreté ! Comment,
alors qu'il était riche, il s'est fait pauvre
pour nous... O pauvreté, source de notre richesse
!
St Jean Chrysostome
DE
LA VIE EN CHRIST
Si je pouvais être bon, je donnerais en moi une
place au Fils de Dieu, et le Seigneur Jésus construirait
en mon âme un séjour agréable ;
il l'ornerait ; il y bâtirait des murs inexpugnables
et des tours élevées pour édifier
en moi, si je le méritais, une demeure digne
de lui et de son Père ; il ornera ainsi mon âme
pour la rendre capable de sa sagesse, de sa science,
de toute sa sainteté, tellement qu'il y ferait
entrer avec lui Dieu le Père et qu'il y trouverait
une habitation, qu'il y prendrait même la nourriture
qu'il aurait préparée. Pour obtenir ces
grâces, préparons en nous un cur
pur, afin que le Seigneur Jésus daigne recevoir
volontiers l'hospitalité de notre cur.
Origène (Alexandrie 185
- Césarée 253 env.)
Tropaire de NOEL (25 décembre)
Ta nativité Christ notre Dieu a fait lever sur
le monde la lumière de la connaissance. En elle,
en effet, ceux qui adoraient les astres, apprirent de
l'étoile à vénérer en Toi
le soleil de justice et à reconnaître en
Toi l'Orient d'en haut. Seigneur, gloire à Toi
!
Hymne
liturgique
Qu'allons-nous t'offrir, ô Christ, parce que,
pour nous, tu t'es fait voir sur terre comme un homme
? Chacune des créatures sorties de toi t'apporte
en effet son témoignage de gratitude : les anges,
leur chant ; les cieux, l'étoile ; les Mages,
leurs dons ; les Pasteurs, leur admiration ; la terre,
la grotte ; le désert, la crèche ; mais
nous les hommes, une Mère vierge. Ô Dieu
d'avant les siècles, aie pitié de nous.
Le ciel et la terre s'unissent aujourd'hui, le Christ
étant né. Aujourd'hui, Dieu est venu sur
terre, et l'homme est remonté aux cieux. Aujourd'hui,
est contemplé dans la chair Celui qui par nature
est invisible, et cela à cause de l'homme ; aussi,
glorifions-Le, et chantons-Lui : " Gloire à
Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre, car ta
venue l'a confirmée. Ô notre Sauveur, gloire
à Toi.
La prière des Eglises de
rite byzantin
" Prière "
Tu es, en vérité, Seigneur, une source
sans cesse jaillissante de bonté, toi qui nous
as rejetés dans ta justice et qui as eu pitié
dans ta bienveillance. Tu nous as haïs et tu es
réconcilié avec nous, tu nous as maudis
et tu nous as bénis ; tu nous as chassés
du paradis et tu nous y as ramenés ; tu nous
as revêtus de modestes feuilles de figuier, l'habit
de notre misère, et tu nous as jeté sur
les épaules le manteau de parure ; tu as ouvert
la prison et libéré les condamnés,
tu nous as aspergés d'eau pure et lavés
de nos souillures.
Désormais Adam n'aura plus à rougir si
tu l'appelles, il n'aura plus à se cacher dans
le taillis du paradis sous le poids de sa conscience.
L'épée de feu ne fermera plus l'entrée
du paradis pour empêcher d'entrer ceux qui s'approchent.
Tout est changé en joie pour les héritiers
du péché, le paradis et le ciel sont désormais
ouverts à l'homme. La création terrestre
et supra-terrestre autrefois divisées se sont
unies dans l'amitié ; nous, les hommes, nous
sommes accordée avec les anges et communions
dans une même connaissance de Dieu.
Pour toutes ces raisons, chantons à Dieu le chant
d'allégresse que des lèvres inspirées
ont proféré un jour : " Mon âme
exultera à cause du Seigneur, car il m'a revêtu
des vêtements du salut, comme l'époux coiffe
un turban, comme la mariée se pare de ses atours
" (Isaïe 61, 10).
Celui qui pare l'épouse est naturellement le
Christ, qui est, qui était, qui sera, il est
béni maintenant et dans les siècles. Amen.
Saint Ephrem le Syrien
(Traduction
de A. Hamman, parue dans " Le Baptême ",
coll. Ictys, n° 5, Paris 1962, p :165-168. Pour
l'uvre et l'homme, voir J. Daniélou, Platonisme
et théologie mystique, Paris 1954).
PRIERE
D'UNE PETITE FILLE
O ma Panaghia *, ton bébé
est le plus beau du monde.
Laisse-moi le tenir
un bref instant dans mes bras.
N'aie crainte, il ne me tombera pas,
je serai bien attentive.
Oh, que je le prenne un tout petit peu seulement
pour le faire jouer.
Je te le laverai, je te l'habillerai ;
dans ses cheveux dorés
un ruban je serrerai
de couleur bleue marine.
Je lui ferai un petit tour
au jardin, sous le soleil ;
Un enfant aussi lumineux,
vrai, jamais je n'en ai rencontré !
Pour cette raison, donne-le moi un tout petit peu
ton bébé que je le fasse jouer.
N'aie crainte, ma Panaghia, je ferai bien attention.
Extrait
de la collection " Cerfs-volants dans le ciel "
* Le nom " Panaghia " qualifie la Vierge.
Il signifie " toute Sainte ". Dans la bouche
d'un chrétien orthodoxe, il est surtout porteur
de tendresse, d'affection et de confiance envers la
Mère de Dieu.
PRIERE
AU CHRIST
O mon Christ, garde-moi éloigné des méchancetés
de ce monde ; Petit Enfant dans la crèche, que
je t'adore tant que je vis. Et lorsque, envoyée
par Toi, la mort viendra me prendre, devant ta divine
grâce, que je me tienne pareil à l'enfant.
O mon Christ, dans les tremblements et les tempêtes
du monde, accorde-moi de me tenir bien droit, inébranlable
et que ma raison s'identifie à la lumière
du secret qui s'épanchait sous forme d'étoile
tandis que pour Toi elle poussait les Mages à
Bethléem.
Et donne à mes paroles et à mes actes
de ressembler aux lys des champs et d'être aussi
prophétiques, lumineux que ceux de la nuit des
simples bergers. Tu étais alors en train de naître
et eux voyaient les cieux grands ouverts qui te glorifiaient.
Kostis Palamas
"
...Et elle (Marie) enfanta son fils premier-né
! Elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche...
" (Luc 2,7)
25 décembre. La Nativité du Christ. La
fête de l'Incarnation. L'événement
absolu. Dieu, notre Dieu, naît de la Vierge. Au
fond et au cur de la création cosmique,
la chair devient le lieu de l'incréé.
Et le vrai temple sur terre, c'est désormais
le corps de l'homme. " Pourquoi cet étonnement,
Marie, chantons-nous aux matines de Noël ? C'est
que, dit-elle, j'enfante dans le temps un Fils intemporel
" et ailleurs : " Celui que nul espace ne
contient, comment peut-il être contenu dans un
sein et celui qui repose dans le sein paternel, comment
une Mère le tient dans ses bras ? Lui seul le
sait, il l'a voulu ; tel a été son suprême
dessein. "
25 décembre. Dans son désir de compléter
par notre humanité le monde d'en-haut, le Christ
est né en deux natures, homme et Dieu. Ces choses-là
ne sont pas pour nous une Révélation nouvelle.
Elles nous ont été dites dès le
commencement : " Dieu se fait homme, affirme Grégoire
de Nazianze, et s'unit de substances contraires, la
chair et l'esprit. L'esprit divinise ; la chair est
divinisée Étrange union, étonnant
mélange ! Il est et il vient à naître.
II n'est pas créé et Il se fait créature...
Il enrichit et il devient pauvre. Il prend la misère
de ma chair afin de m'enrichir de sa divinité.
"(1)
25 décembre. Dans la crèche où
Il est couché, nous voyons Dieu anéantir
pour un temps sa gloire afin que chacun de nous puisse
accéder à sa divinité. La crèche
! Que de pauvreté et de détresse totale
n'exprime-t-elle pas avant de devenir le lieu où
les anges apparurent et que désigna l'étoile
(2) ? La crèche : déjà elle nous
rappelle la tombe de Jésus, qui verra la fin
de sa vie et de son uvre avant d'être le
lieu de son triomphe final.
25 décembre. Ce n'est pas pour nous chrétiens
une Révélation nouvelle. Mais ce qui pourrait,
pour nous, redevenir nouveau, c'est l'attention spéciale
que nous devrions donner à certains aspects de
la vérité éternelle. Le divin Enfant
emmailloté, dans la grotte de Bethléem,
c'est déjà la projection vers sa passion
et sa résurrection. Au milieu de tous les fastes
que nous déployons pour fêter " le
Noël des marchands de toutes sortes " , où
plaçons-nous dans nos curs la grande interrogation
de l'Évangile : " Mais qui d'autre que le
Messie peut naître dans une tombe ? ".
25 décembre. Là où se déploie
l'espérance, la vraie foi ne devrait pas connaître
de repos. Tout homme qui espère en Christ ne
peut plus prendre son parti de la réalité
telle que notre siècle veut qu'elle soit. Pour
former les " cieux nouveaux et la terre nouvelle
" que nous promet le livre de l'Apocalypse (21,1),
il faut planter en nous l'écharde du refus de
s'installer dans la chair du présent de ce monde
toujours inaccompli jusqu'au grand accomplissement de
toutes les promesses de Dieu : Il prend notre chair
afin de sauver l'image que nous avons reçue et
que nous n'avons pas gardée à cause de
la chute originelle de nos premiers parents. Autrement
dit, Il prend notre chair pour à nouveau l'immortaliser.
25 décembre. Source de la Lumière qui
ne s'éteint jamais pour nous les greffés
en Christ par le baptême ; devenir de toute l'humanité
et dont nous portons la " responsabilité
de l'espérance " (1 Pierre, 3,15).
25 décembre. Avec ce jour commence pour la communauté
chrétienne sa véritable mission "
à cause de l'espérance et de la résurrection
des morts " (Actes 23,6). C'est précisément
à partir de cela, à savoir de notre inconséquence
par rapport à notre vocation, que nous risquons
d'être mis en accusation au sein d'une civilisation
où la technique et les idéologies signifient
massivement l'absence de Dieu (3).
25 décembre. Dieu nous cherche. Quelle profusion
de bonté ! Elle nous fait soudain vibrer d'une
plénitude où enfin est brisée notre
indifférence et où, au lieu de l'aliénation
sociale qui ne tend que vers une autre, bien plus radicale,
la mort, nous pressentons l'éternité dans
l'expérience de l'Amour, qui n'est autre que
Jésus.
25 décembre. Pour nous donner le meilleur, Il
se charge du pire. " Geste plus divin qu'autrefois,
dit encore Grégoire de Nazianze... Quel homme
de sens ne le trouverait sublime ? ". Que Sa grâce
infinie vous accompagne tout au long de l'année
nouvelle, vous guidant sans cesse vers la voie de toute
uvre bonne, agréable à Ses yeux.
(décembre 1997)
Mgr STEPHANOS Métropolite
de Tallinn et de toute l'Estonie
NOTES
(1) Grégoire de Nazianze in LE MYSTERE DE NOËL
Ed. Grasset. Presses d'Aubun, Ligugé 1963 ; p.
152
(2) UNE NUEE DE TEMOINS, ouvrage collectif. Ed. du Cerf
et Droguet et Ardant 1974 ; pp.34-35 et 50-51.
(3) LA LIBERTE DU CHRIST. Guy Riobé et Olivier
Clément. Ed. Stock.
"Le
Verbe fait chair"
Lettre de Saint Léon le Grand à Flavien
"La petitesse a été assumée
par la majesté, la faiblesse par la force, l'asservissement
à la mort par l'immortalité ; et pour
payer la dette de notre condition humaine, la nature
inaltérable s'est unie à la nature exposée
à la souffrance. C'est ainsi que, pour mieux
nous guérir, le seul médiateur entre Dieu
et les hommes, l'homme Jésus Christ devait, d'un
côté, pouvoir mourir et, de l'autre, ne
pas pouvoir mourir.
C'est donc dans la nature intégrale et complète
d'un vrai homme que le vrai Dieu est né, tout
entier dans ce qui lui appartient, tout entier dans
ce qui nous appartient. Par là nous entendons
ce que le Créateur nous a donné au commencement
et qu'il a assumé pour le rénover.
Car les défauts que le démon trompeur
a introduits dans l'homme, et que l'homme trompé
a contractés n'ont aucunement marqué le
Sauveur. Aussi, bien qu'il ait accepté de partager
les faiblesses humaines, n'a-t-il pas participé
à nos fautes.
Il a pris la condition de l'esclave sans la souillure
du péché ; il a rehaussé l'humanité
sans abaisser la divinité. Par son anéantissement,
lui qui était invisible s'est rendu visible,
le Créateur et Seigneur de toutes choses a voulu
être un mortel parmi les autres. Mais ce fut là
une condescendance de sa miséricorde, non une
défaite de sa puissance. Par conséquent,
lui qui a fait l'homme en demeurant dans la condition
de Dieu, c'est encore lui qui s'est fait homme en adoptant
la condition d'esclave.
Le Fils de Dieu entre donc dans la basse région
du monde qui est la nôtre, en descendant du séjour
céleste sans quitter la gloire de son Père
; il est engendré selon un ordre nouveau et par
une naissance nouvelle.
Selon un ordre nouveau : étant invisible par
lui-même, il est devenu visible en se faisant
l'un de nous ; dépassant toute limite, il a voulu
être limité ; existant avant la création
du temps, il a commencé à exister temporellement
; le Seigneur de l'univers a adopté la condition
d'esclave en plongeant dans l'ombre la grandeur infinie
de sa majesté ; le Dieu inaccessible à
la souffrance n'a pas dédaigné d'être
un homme capable de souffrir, et lui qui est immortel,
de se soumettre aux lois de la mort.
En effet, le même qui est vrai Dieu est aussi
vrai homme, et il n'y a aucun mensonge dans cette unité,
puisque la bassesse de l'homme et la hauteur de la divinité
se sont unies dans cet échange.
De même que Dieu n'est pas altéré
par sa miséricorde, de même l'homme n'est
pas anéanti par sa dignité. Chacune des
deux natures agit en communion avec l'autre, mais selon
ce qui lui est propre : le Verbe opère ce qui
appartient au Verbe, et la chair exécute ce qui
appartient à la chair.
L'un brille par ses miracles, l'autre succombe aux outrages.
Et de même que le Verbe ne perd pas son égalité
avec la gloire du Père, de même la chair
ne déserte pas la nature de notre race humaine.
C'est un seul et même être, il faut le dire
souvent, vraiment Fils de Dieu et vraiment fils d'homme.
Dieu par le fait que au commencement était le
Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe
était Dieu. Homme par le fait que le Verbe s'est
fait chair et a établi sa demeure parmi nous."