La
confession est certainement pour chaque prêtre
consciencieux l'un des aspects les plus délicats
et les plus difficiles de son ministère pastoral.
Il y trouve d'une part le seul véritable objet
de son activité pastorale : l'âme de l'homme
pécheur, mais qui se tient devant Dieu. Mais
d'autre part il acquiert la conviction que le Christianisme
d'aujourd'hui est devenu purement nominal. Les concepts
les plus élémentaires pour un Chrétien,
de péché et de repentir, de réconciliation
avec Dieu et de naissance à la vie nouvelle semblent
s'être vidés de leur sens. Ces mots continuent
d'être employés, mais leur contenu est
loin du sens sur lequel est fondée notre foi
chrétienne.
Une autre source de difficultés est l'incompréhension
pour la majorité des Orthodoxes, de l'essence
même du sacrement de pénitence. En pratique,
nous trouvons deux approches opposées de ce sacrement
: l'une juridique et formelle, l'autre psychologique.
Dans le premier cas, la confession est comprise comme
une simple énumération des infractions
à la loi, après quoi est donnée
l'absolution des péchés et la personne
est admise à la communion. La confession est
alors réduite au minimum et dans certaines églises
(en Amérique) elle est même remplacée
par une formule générale que le pénitent
lit dans un texte imprimé. Cette optique met
l'accent sur le pouvoir du prêtre d'absoudre et
remettre les péchés et cette absolution
est considérée comme valable "en
elle-même" quel que soit l'état de
l'âme du pénitent. Si dans cet aspect des
choses nous avons affaire à une tendance "latinisante",
l'autre approche peut se définir comme "protestante".
La confession devient alors une conversation d'où
doit venir une aide, la solution des "problèmes"
et des "questions". C'est un dialogue, mais
pas le dialogue de l'homme avec Dieu, non : le dialogue
de l'homme avec un conseiller réputé sage
et expérimenté, disposant d'une panoplie
de réponses toutes prêtes à toutes
les questions de l'homme... Dans ces deux approches,
on observe à l'évidence un obscurcissement
et une déformation de la vraie manière
orthodoxe de comprendre la sacrement ode la confession.
Cette déformation a plusieurs raisons. Et sans
avoir la possibilité de les énumérer
toutes, ni même esquisser brièvement l'histoire
très compliquée du développement
dans l'Eglise du sacrement de pénitence, quelques
remarques préliminaires s'imposent, avant de
tenter d'indiquer une solution possible au problème
que pose la confession.
-2-
A l'origine, le sacrement de pénitence était
compris comme la réconciliation et la réunion
à l'Eglise des excommuniés, c'est-à-dire
des chrétiens exclus de l'assemblée (ecclesia)
du Peuple de Dieu, de l'Eucharistie comme sacrement
de l'assemblée, comme participation au Corps
et au Sang du Christ. L'excommunié, c'est celui
qui ne peut pas participer à l'oblation, et qui
pour cette raison ne participe pas non plus à
la "koinonia", à la communauté,
à la communion. Et la réconciliation avec
l'Eglise de l'excommunié était un long
processus qui se terminait par la rémission des
péchés, attestant le repentir, la condamnation
du pécheur de son péché, le refus
de son péché, par conséquent la
réunion à l'Eglise. Le pouvoir d'absoudre
et de remette les péchés n'était
pas conçu comme un pouvoir en soi, indépendant
du repentir. Il était compris comme le pouvoir
de témoigner du repentir accompli et par conséquent
du pardon et de la réunion à l'Eglise
c'est-à-dire du repentir et de son fruit : la
réconciliation avec Dieu dans l'Eglise... L'Eglise,
en la personne du prêtre, atteste que le pécheur
s'est repenti et que Dieu "l'a réconcilié
et uni" avec l'Eglise en Jésus-Christ. Et
malgré toutes les modifications extérieures
dans la pratique du sacrement de pénitence, c'est
bien de cette façon originelle de comprendre
le sacrement qui reste le point de départ pour
l'explication orthodoxe du sacrement.
Mais cela n'exclut pas le fait que, et cela depuis le
début, le ministère pastoral dans l'Eglise
incluait obligatoirement le SOUCI DES AMES, c'est-à-dire
la direction de la vie spirituelle des hommes et l'aide
dans la lutte contre le péché et le mal.
Mais au début, pourtant, ce souci des âmes
n'avait pas de rapport direct avec le sacrement de pénitence.
Et ce n'est que sous l'influence du monachisme dont
la théorie et la pratique de la guidance spirituelle
était fortement développée que
le souci des âmes s'est inséré progressivement
dans la confession. Et la sécularisation toujours
croissante, la laïcisation de la société
ecclésiale ont fait de la confession pratiquement
la seule forme de guidance spirituelle. Après
la conversion de l'empereur Constantin, l'Eglise a cessé
d'être une minorité de fidèles héroïques
et s'est presque entièrement fondue dans le monde
(d'où le "laïc" en grec "laïkos"
qui est l'homme vivant dans le monde le peuple (laos).
Cette Eglise s'est trouvée confrontée
à une masse de chrétiens de nom et le
changement radical dans la pratique eucharistique de
la communion générale comme manifestation
de l'unité du peuple de Dieu à la communion
plus ou moins fréquente et "privée"
a entraîné la métamorphose de la
façon de comprendre la pénitence. De sacrement
de réconciliation des excommuniés de l'Eglise,
elle est devenue le sacrement régulier des membres
de l'Eglise. Et les théologiens se sont mis à
souligner non plus l'aspect pénitentiel comme
voie du retour à l'Eglise, mais la rémission
des péchés comme pouvoir de l'Eglise...
Mais l'évolution du sacrement de pénitence
ne s'est pas arrêtée là. La laïcisation
de la société chrétienne signifiait
avant tout qu'elle adoptait des façons de voir
humanistes et pragmatiques qui ont considérablement
obscurci la façon chrétienne de comprendre
le péché et le repentir. La compréhension
du péché comme rupture avec Dieu et avec
la seule vie véritable - avec Lui et en Lui -
a été obscurcie par un légalisme
moraliste et ritualiste dans lequel le péché
a été ressenti comme une infraction formelle
à la loi. Mais dans une société
auto-satisfaite et qui idolâtre l'homme, avec
son étiquette de "convenances" et de
"succès", même cette loi s'est
peu à peu transformée. Elle a cessé
d'être la norme absolue et s'est réduite
à un code généralement admis et
relatif de règles morales.
Si dans les premiers siècles le chrétien
avait toujours conscience d'être un pécheur
pardonné et conduit, sans aucun mérite
de sa part, dans le Palais de l'Epoux, ayant reçu
une vie nouvelle et devenu participant du Royaume de
Dieu, le chrétien actuel, puisqu'aux yeux de
la société il était "une personne
honorable", a perdu peu à peu cette conscience.
Sa vision des choses exclut les notions mêmes
de vie ANCIENNE et de vie NOUVELLE. Bien sur, il fait
de temps à autre des "mauvaises actions"
mais c'est "naturel" dans la vie, et cela
n'entame en rien son autosatisfaction... La société
dans laquelle nous vivons, la presse, la radio, etc,
nous dit à longueur de journée que nous
sommes intelligents, beaux, gentils et que nous vivons
dans la meilleure des sociétés possibles
et les "chrétiens", hélas, prennent
cela au sérieux, prennent cela pour argent comptant...
La laïcisation a fini par gagner aussi le clergé.
On a fini par comprendre le prêtre comme une sorte
de serviteur de ses paroissiens, au service de leurs
besoins spirituels. Et la paroisse tout entière,
comme organisation, veut que le prêtre soit le
miroir dans lequel les gens peuvent contempler leur
propre perfection. Est-ce que le prêtre ne doit
pas tout le temps remercier quelqu'un et faire l'éloge
des efforts, du soutien matériel et de la générosité
? Les péchés sont cachés dans le
"secret de la confession" rigoureux et intime,
tandis qu'à la surface tout va très bien.
Et voilà cet esprit d'autosatisfaction, d'apaisement
moral, qui pénètre notre vie ecclésiale
de part en part. Le succès de l'Eglise se mesure
à son succès matériel, à
sa fréquentation, à la quantité
d'organisations paroissiales et para-ecclésiales.
Mais dans tout cela, où y a-t-il place pour la
repentance ? Elle aussi est presque absente de l'organisation
même de la prédication et de l'activité
de l'Eglise. Le prêtre appelle ses paroissiens
à plus d'ardeur, à des "succès"
de plus en plus grands, à l'observation des règles
et des coutumes, mais lui-même ne perçoit
déjà plus le monde "comme" la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil
de la richesse (1Jn 2, 16) ; mais il ne croit pas lui-même
que l'Eglise est vraiment le salut pour les brebis perdues,
et non une institution religieuse pour la satisfaction
modérée des "besoins spirituels"
modérés des "membres actifs de la
paroisse"... Dans pareilles conditions spirituelles,
dans une situation aussi pseudo-chrétienne, la
confession ne peut naturellement être rien d'autre
que ce qu'elle est devenue : ou bien l'un des devoirs
religieux" qu'il faut accomplir x fois dans l'année
pour être en règle avec une norme canonique
abstraite, ou bien un entretien avec le prêtre,
pour "discuter" de telle ou telle "difficulté"
(difficulté, justement, et non péché,
parce qu'une difficulté conscientisée
comme un péché cesse par là-même
d'être une difficulté...), qui reste d'habitude
entière parce que sa seule solution serait justement
d'accepter la doctrine chrétienne du péché
et du pardon.
-3-
Est-il possible de rétablir la compréhension
et la pratique orthodoxe de la confession ? Oui, si
nous avons le courage de commencer à la rétablir
en profondeur et non en surface.
Et ici le point de départ, comme dans toute vie
ecclésiale, doit être la prédication,
l'enseignement. D'un certain point de vue, toute la
doctrine de l'Eglise est un seul appel à la repentance
au sens le plus profond de ce mot : c'est-à-dire
une nouvelle naissance, à une réévaluation
de toutes les valeurs, à une nouvelle vision
et à une nouvelle compréhension de toute
la vie à la lumière du Christ. Et il n'est
pas nécessaire de prêcher tout le temps
sur le péché, de juger et de condamner,
car c'est seulement quand l'homme entend l'appel authentique
et le contenu de la Bonne Nouvelle, quand commence à
s'ouvrir, la profondeur divine, la sagesse et la portée
totale de cette Nouvelle, ce n'est qu'alors que l'homme
devient capable de repentir. Le véritable repentir
chrétien, c'est avant tout de ressentir l'abîme
qui le sépare de Dieu et de tout ce que Dieu
a donné et révélé à
l'homme, de la vie véritable. Ce n'est qu'en
voyant le Palais de Dieu, tout orné, que l'homme
comprend qu'il n'a pas la robe nuptiale pour y entrer...
Notre prédication est trop souvent comme un impératif
abstrait : il faut faire ceci, il ne faut pas faire
cela ; mais une énumération de prescriptions
et d'ordres n'est pas une prédication. La prédication
est toujours une découverte, au début
du sens positif et de la lumière de l'enseignement
du Christ et uniquement par rapport à Lui des
ténèbres et du mal du péché.
Seul le sens rend la prescription, la règle,
le commandement convaincant et vivifiant. Mais la prédication
doit inclure évidemment, une critique en profondeur
du sécularisme dans lequel nous vivons, des idées
dont, inconsciemment, nous nous imprégnons et
nous vivons. Les Chrétiens sont appelés
à lutter continuellement contre des idoles qui
sont si nombreuses aujourd'hui . "matérialisme",
"chance", "succès", etc.
Car encore une fois, ce n'est qu'en replaçant
le monde à sa juste place, profondément,
chrétiennement, le monde, la vie et la culture,
que le concept de péché prend son vrai
sens comme avant tout une déviation de tout le
courant de la conscience, de l'amour, des intérêts,
des aspirations... Comme culte des valeurs qui ne sont
pas des vraies valeurs... Mais cela présuppose-
que le prêtre soit lui-même libéré
de l'asservissement à "ce monde" et
de l'identification à lui, cela suppose qu'il
mette la vérité éternelle et non
des "considérations pratiques" au cur
même de son service pastoral... La prédication
et l'enseignement doivent être porteurs d'un principe
prophétique, d'un appel à tout considérer
et tout apprécier par les yeux du Sauveur Lui-même.
Ensuite, la confession doit être replacée
dans le cadre du mystère de la pénitence
(metanoïa) ; chaque sacrement comprend au moins
trois moments constitutifs : la préparation,
le rite lui-même, et enfin son "accomplissement".
Et bien que, comme on l'a dit plus haut, toute la vie
et toute la prédication de l'Eglise soient en
un certain sens une préparation à la repentance,
un appel au
repentir, l'exigence et la tradition d'une préparation
toute spéciale des pénitents au sacrement
n'en demeure pas moins.
Il existe depuis toujours dans l'Eglise des temps pénitentiels
: les carêmes. Ce sont des périodes où
la liturgie elle-même devient en quelque sorte
l'école du repentir, la préparation de
l'âme à la fois à voir la beauté
céleste du Royaume et à s'attrister sur
la distance qui nous sépare du Royaume.
Tous les offices du Grand Carême par exemple,
sont tout entiers un soupir de repentance et cette radieuse
tristesse dont ils brillent et nous communiquent l'image,
est presque intraduisible en paroles mais pourtant si
évidente et si effective, de ce qu'est et ce
qu'accomplit dans notre âme le repentir véritable...
C'est pourquoi le carême est un temps où
il importe de faire porter la prédication sur
le sacrement de pénitence. L'ordo des lectures,
des psaumes, des hymnes, des prières et des inclinations
tout cela donne infiniment et toute cette prédication
doit "coller" à la vie, aux gens, à
ce qui s'accomplit dans leur vie en ce jour, à
cette heure. Le but est de les éveiller à
une véritable atmosphère de repentance,
de les obliger à se concentrer non sur un péché
particulier, mais sur l'état de péché,
de limitation, de pauvreté spirituelle de toute
leur vie, d'inventer pour cette vie des "moteurs"
intérieurs... En quoi réside leur trésor
? Vers quoi leur cur tend-il ? Comment considèrent-ils
et quel usage font-ils du temps précieux de la
vie que Dieu leur a donnée ? Pensent-ils à
la fin vers laquelle ils s'acheminent irrévocablement
? Celui qui ne serait-ce qu'une fois dans sa vie a réfléchi
à toutes ces questions et qui a compris, ne serait-ce
qu'à la limite de sa conscience, que toute la
vie ne peut être donnée qu'à Dieu,
celui-là est déjà sur le chemin
du repentir qui est déjà en soi porteur
d'une force de renouveau, de conversion, de retour...
Dans cette préparation, il faut inclure une explication
du rite de la confession, des prières, de l'absolution,
etc
Le rite de la confession comprend : 1) les prières
avant la confession, 2) l'appel à la repentance,
3) l'aveu des fautes du pénitent et le mandement
à celui-ci et 4) l'absolution.
II ne faut pas omettre les prières avant la confession.
La confession n'est ni une conversation d'homme à
homme ni une auto-analyse rationnelle. L'homme peut
dire . "J'ai péché", sans éprouver
le moindre repentir. Et si tous les sacrements comportent
une sorte de changement, dans le sacrement de pénitence
s'accomplit la transformation d'un "aveu des fautes"
formel et humain en un repentir chrétien, où
le pénitent, par la grâce, comprend le
péché dans sa vie et aussi l'amour total
de Dieu pour l'homme, un amour qui englobe tout. Ce
changement ne peut s' opérer qu'avec l'aide du
Saint Esprit et son "épiclèse",
l'invocation du Saint Esprit pour qu'Il nous donne cette
aide, et cette épiclèse, ce sont les prières
avant la confession.
Ensuite, vient l'appel à la repentance. C'est
la dernière exhortation. "Voici, mon enfant,
le Christ est invisiblement présent...".
Mais au moment décisif où le prêtre
affirme la présence du Christ, comme il est important
que lui, le prêtre, ne fasse pas obstacle au pécheur
! Dans le sacrement de pénitence, le prêtre
n'est pas un "procureur" non plus qu'un témoin
sans voix et passif. IL EST L'IMAGE DU CHRIST, c'est-à-dire
Celui Qui assume les péchés du monde,
qui porte cette miséricorde et cette compassion
infinie que seul le cur de l'homme peut découvrir.
Le métropolite Antoine Khrapovitski définissait
l'essence même du sacerdoce comme l'amour compatissant.
Et la pénitence est le sacrement de réconciliation
et d'amour, et non de "jugement" et de condamnation.
C'est pourquoi la meilleure forme d'appel à la
repentance sera que le prêtre, s'identifie lui-même
avec le pénitent : "Nous avons tous péché
devant Dieu...".
La confession elle-même peut bien sur prendre
diverses formes. Mais comme le pénitent ne sait
souvent pas comment commencer, le prêtre a le
devoir de l'aider : c'est pourquoi la forme du dialogue
est la plus commode et la plus naturelle. Et bien que
tous les péchés se réduisent en
fin de compte à un seul : l'absence d'un véritable
amour de Dieu, de foi et d'espérance en Lui,
on peut partager la confession en trois grandes"
régions du péché".
Notre attitude envers Dieu : les questions sur la foi
elle-même, ses faiblesses, les doutes et les altérations,
la prière, le jeune, les offices. Trop souvent
la confession se réduit à une énumération
d'actes immoraux et on oublie que la racine de tous
les péchés est justement là : dans
le domaine de la foi et de la relation vivante et personnelle
à Dieu.
L'attitude envers le prochain : l'égoïsme
et l'égocentrisme, l'indifférence envers
le gens, l'absence d'amour, d'intérêt,
d'attention, la cruauté, l'envie, les racontars...
Dans ce domaine tous les péchés doivent
être effectivement "individualisés"
pour que le pécheur sente et voie dans l'autre,
dans celui contre qui il a péché, un frère,
et qu'il voie dans son propre péché une
atteinte à "l'union dans l'amour" et
la fraternité...
L'attitude envers soi-même : les péchés
et séductions de la chair, contraire à
l'idéal chrétien de pureté et d'intégrité,
le respect du corps comme temple du Saint Esprit, scellé
et sanctifié dans l'onction chrismale. L'absence
de désir et d'effort pour "approfondir"
sa vie , les divertissements bon marché, la boisson,
l'irresponsabilité dans l'accomplissement de
son devoir dans la vie les dissensions familiales...
Nous ne devons pas oublier que le plus souvent nous
avons affaire à des gens qui ne savent pas ce
que c'est que s'éprouver soi-même et sa
conscience, et dont toute la vie est déterminée
par des idées et des habitudes dictées
par le conformisme et donc privées de repentir
authentique. Le but du confesseur est de détruire
cette auto-satisfaction bourgeoise et superficielle,
de placer l'homme en face de la sainteté et de
la grandeur du dessein de Dieu sur lui, d'éveiller
en lui la conscience que toute la vie est une lutte
et un combat... Le christianisme est la "voie étroite"
et l'acceptation du fardeau, de l'exploit et de la peine
de cette voie étroite ; sans comprendre et accepter
cela il n'y a aucun espoir de christianiser notre vie
ecclésiale...
Le dialogue de la confession s' achève par un
mandement. Le prêtre doit appeler le pénitent
à changer sa vie, à refuser le péché.
Le Seigneur ne pardonne pas, tant que le pécheur
ne veut pas d'une nouvelle vie, d'une vie meilleure,
ne décide pas d'entamer la lutte contre le péché
et le difficile retour à "l'image de la
gloire ineffable" en lui-même.
Nous savons que ce n'est pas possible en évaluent
humainement, froidement nos forces avec réalisme.
Mais à cet "impossible", le Christ
a déjà répondu : "Ce qui est
impossible à l'homme, est possible à Dieu..
Ce qui nous est demandé, c'est, Ie désir,
l'effort, la décision." Le Seigneur nous
aidera.
C'est alors et alors seulement que la solution est possible
car en lui s'accomplit tout ce qui l'a précédé,
la préparation, les efforts, la lente croissance
du repentir dans l'âme. Je le répète,
selon la perspective orthodoxe il n'y a pas d'absolution
pas là où il n'y a pas de repentir. Dieu
ne reçoit pas l'homme qui n'est pas venu vers
Lui. Et "venir à Lui" signifie se repentir,
se convertir, porter un autre jugement sur la vie et
sur soi-même. Voir dans l'absolution des péchés
uniquement un pouvoir du prêtre et efficace quelles
que soient les circonstances où les paroles de
l'absolution sont prononcées, c'est dévier
vers la magie sacramentelle, condamnée par tout
l'esprit et la tradition de l'Eglise orthodoxe.
C'est pourquoi l'absolution des péchés
est impossible si l'homme, premièrement, n'est
pas orthodoxe, c'est-à-dire s'il nie ouvertement
et consciemment les dogmes essentiels de l'Eglise et
s'il persiste à vouloir demeurer dans son état
évident de péché : par exemple
la vie dans l'adultère, un métier déshonnête,
etc et si enfin il dissimule ses péchés
ou s'il ne voit pas qu'il est dans le péché.