EGLISE ORTHODOXE D'ESTONIE

Chapitre

Patriarcat

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
DECLARATION PRELIMINAIRE DE SA TOUTE-SAINTETE LE PATRIARCHE OECUMENIQUE BARTHOLOMEE A LA CONFERENCE DE PRESSE DONNEE AVANT SON DEPART D'ESTONIE.
(Le 1er Novembre 2000)


Vos Excellences,
Chers participants à la conférence de presse,
Votre Eminence Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie, cher frère en Christ,
Clergé vénérable et aimé,
Peuple de Dieu,
En quittant l'Estonie si amicale et en terminant notre visite officielle ici, ainsi qu'à l'Eglise autonome d'Estonie, nous aimerions tout d'abord exprimer notre joie et notre contentement pour le succès de cet événement historique.
Nous aimerions aussi remercier Leurs Excellences, le Président et le Premier ministre de la République d'Estonie et toutes les autorités régionales et locales pour leur invitation à venir ici en Estonie, pays, qu'aucun Patriarche Œcuménique n'a visité auparavant ainsi que pour le bon travail d'organisation qui a permis à cette visite d'être un grand succès.
On a accordé l'autonomie à l'Eglise Orthodoxe d'Estonie en 1923 par un Tomos patriarcal et synodal après la demande formulée par le Métropolite Alexandre de Tallinn et de toute l'Estonie. Le patriarche Tychon de Moscou aussi avait reconnu le statut autonome de l'Eglise estonienne en 1920. Selon la tradition de l'Eglise Orthodoxe, un tel Tomos ne peut pas être annulé. C'est pourquoi, le Métropolite Alexandre qui s'est exilé à l'étranger, a été considéré comme le chef de l'Eglise d'Estonie jusqu'à sa mort en 1953. Après cela, le Métropolite de Thyatira et de Grande-Bretagne a été nommé comme locum tenens et par la suite un Estonien du nom de Jüri Välbe a été ordonné comme son évêque vicaire. Il a servi comme évêque jusqu'à sa mort en 1961. Mais à cause des conditions historiques bien connues, l'Eglise d'Estonie ne pouvait pas agir dans sa patrie sous le régime soviétique. Ainsi notre prédécesseur, le Patriarche de bienheureuse mémoire Demetrios, a suspendu temporairement le Tomos de 1923 en Estonie.
Les conditions ont changé, et il a été possible récemment de rétablir l'Eglise d'Estonie et c'est pourquoi, en 1996, le Tomos de 1923 a été de nouveau réactivé par un acte patriarcal et synodal. Selon un accord conclu à Genève, chaque paroisse en Estonie pouvait librement choisir sa juridiction, soit l'Eglise Autonome d'Estonie soit le Patriarcat de Moscou. Cela signifie clairement une chose : qu'il existe ici, d'une part une Eglise Orthodoxe Autonome en Estonie, qui continue l'activité de l'Eglise Autonome d'Estonie d'avant-guerre et d'autre part, il y a les paroisses qui sont sous la juridiction du Patriarcat de Moscou. Il n'y a pas de deuxième Eglise locale Orthodoxe ici, les canons interdisent cela, mais la présence spirituelle du Patriarcat de Moscou, sous certaines conditions, s'est étendu dans le territoire d'une autre Eglise. C'est par " économie " (une concession au sens exact des canons) ; elle est analogue au système des exarchats, des monastères et des paroisses stavropigiaques.
Selon cet accord, toutes les paroisses Orthodoxes en Estonie ont choisi, leur appartenance. Plus tard l'Eglise autonome d'Estonie a élu conformément à ses statuts, l'évêque Stephanos comme Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie. Son Eminence, Monseigneur Stephanos était autrefois évêque en France.
Il est une personnalité remarquable, possède une grande piété, le sens de l'Orthodoxie, une expérience œcuménique, des capacités pastorales et d'organisation, l'expérience de l'administration et l'adaptabilité aux conditions locales. Il a écrit beaucoup de livres, dont certains ont été traduits en plusieurs langues et il parle le français, le russe, l'anglais, le hollandais, le grec et le swahili.
Tous ces dons de Dieu il les met au service de la reconstruction de l'Eglise d'Estonie.
En ce qui concerne l'enregistrement des paroisses du Patriarcat de Moscou et le retour des propriétés de l'Eglise d'Estonie d'avant-guerre, le Patriarcat Œcuménique ne s'immisce pas dans ces questions, car elles sont du ressort des lois estoniennes.
Le Patriarcat Œcuménique a réactivé le Tomos de 1923 car tel était son devoir. Les canons sacrés lui donnent la compétence de s'occuper des Eglises locales Orthodoxes qui se trouvent dans des circonstances difficiles. Le même soin a été pris pour l'Eglise Orthodoxe d'Albanie.
En agissant ainsi, le Patriarcat Œcuménique n'a pas tenu compte de son propre avantage, mais seulement de l'avantage des Eglises locales. Au contraire, le Patriarcat a consenti de grands efforts et de grandes dépenses pour réaliser cela.
Le but principal de notre visite était de soutenir l'Eglise d'Estonie par la parole et par le sentiment qu'elle fait partie de l'Eglise Orthodoxe répandue de par le monde entier. A travers nous, tout orthodoxe estonien peut sentir qu'il fait partie de l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, qui est composée d'Eglises locales autocéphales et autonomes.
Nous espérons aussi que l'opposition d'une Eglise locale à cela, finira par cesser, si elle y pense d'une manière plus sereine. Un traitement plus approfondi du sujet est nécessaire.
L'Eglise au temps des apôtres était primitivement organisée ainsi : chaque ville avait son évêque, qui agissait indépendamment des évêques voisins. Ensuite, le besoin d'un primat s'est fait sentir pour les évêques dans chaque région, mais l'égalité a été conservée. Plus tard, un système d'entités plus grandes, les cinq Patriarcats anciens (Rome, Nouvelle Rome-Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem), s'est développé. Selon les canons édictés par les 2ème et 4ème Conciles Œcuméniques, le Patriarche de Constantinople est l'égal du Pape de Rome. En même temps, les territoires qui n'ont appartenu à aucun autre Patriarcat ont été placés sous la juridiction de Constantinople. Après le schisme au 11ème siècle, la primauté d'honneur dans l'Eglise Orthodoxe a été confiée au Patriarche de Constantinople. Comme premier parmi les égaux, il sert et exprime l'unité de l'Eglise, coordonne les activités des autres Eglises Orthodoxes, supplée aux vacances des sièges et veille à la préservation de l'enseignement Orthodoxe et à l'ordre de l'Eglise. Tout cela il le fait dans le service et non pour le pouvoir ou par la contrainte.
Jusqu'au schisme, ce sont les Conciles Œcuméniques qui décidaient de la question d'accorder les autocéphalies et les autonomies. Comme il n'était plus possible de convoquer ceux-ci après le schisme, il a été confié au Patriarcat Œcuménique la charge d'accorder ces mêmes autocéphalies et autonomies, et après cela toutes les Eglises se doivent de les confirmer. Il est naturel, qu'une Eglise, à qui l'on a accordé un nouveau statut, reconnaisse la primauté du Patriarche Œcuménique, parce que si plusieurs centres surgissaient, cela détruirait l'unité. Par conséquent, l'Eglise d'Estonie, à qui a été accordée l'autonomie, s'inscrit dans le système des Eglises-Sœurs, la primauté d'honneur parmi elles revenant au Patriarcat Œcuménique. Cela est vrai dans le cas de toutes les Eglises nouvelles sans tenir compte de quelle Eglise elles sont historiquement issues. Ainsi, les Patriarcats de Moscou, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie et de Géorgie, les Eglises autocéphales de Grèce, de Pologne, d'Albanie, de Tchéquie et de Slovaquie et l'Eglise autonome de Finlande, tous reconnaissent la primauté d'honneur et de service du Patriarcat Œcuménique. Ainsi, il y a rien de nouveau dans le fait que l'Eglise d'Estonie, à qui l'on a accordé l'autonomie en 1923, suive l'ordre reconnu par tous.
Tout ceci afin d'éclairer ce qui relève du droit canonique.
Nous avons les meilleures impressions de notre visite en Estonie. L'Eglise Autonome d'Estonie est en voie de pleine reconstruction. Les églises sont en réfection, le clergé est instruit, un mouvement de jeunes a été créé, les camps pour la jeunesse sont organisés et tous les problèmes se résolvent dans un esprit chrétien et un esprit de paix. Les relations avec les autres Eglises Chrétiennes en Estonie sont bonnes.
Nous espérons que vous avez eu ainsi des réponses aux questions de base. Si, cependant, vous avez plus de questions, nous sommes prêts à y répondre.
(traduction française d'après le texte original en grec)

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