Vos Excellences,
Chers participants à la conférence de
presse,
Votre Eminence Stephanos, Métropolite de Tallinn
et de toute l'Estonie, cher frère en Christ,
Clergé vénérable et aimé,
Peuple de Dieu,
En quittant l'Estonie si amicale et en terminant notre
visite officielle ici, ainsi qu'à l'Eglise
autonome d'Estonie, nous aimerions tout d'abord exprimer
notre joie et notre contentement pour le succès
de cet événement historique.
Nous aimerions aussi remercier Leurs Excellences,
le Président et le Premier ministre de la République
d'Estonie et toutes les autorités régionales
et locales pour leur invitation à venir ici
en Estonie, pays, qu'aucun Patriarche cuménique
n'a visité auparavant ainsi que pour le bon
travail d'organisation qui a permis à cette
visite d'être un grand succès.
On a accordé l'autonomie à l'Eglise
Orthodoxe d'Estonie en 1923 par un Tomos patriarcal
et synodal après la demande formulée
par le Métropolite Alexandre de Tallinn et
de toute l'Estonie. Le patriarche Tychon de Moscou
aussi avait reconnu le statut autonome de l'Eglise
estonienne en 1920. Selon la tradition de l'Eglise
Orthodoxe, un tel Tomos ne peut pas être annulé.
C'est pourquoi, le Métropolite Alexandre qui
s'est exilé à l'étranger, a été
considéré comme le chef de l'Eglise
d'Estonie jusqu'à sa mort en 1953. Après
cela, le Métropolite de Thyatira et de Grande-Bretagne
a été nommé comme locum tenens
et par la suite un Estonien du nom de Jüri Välbe
a été ordonné comme son évêque
vicaire. Il a servi comme évêque jusqu'à
sa mort en 1961. Mais à cause des conditions
historiques bien connues, l'Eglise d'Estonie ne pouvait
pas agir dans sa patrie sous le régime soviétique.
Ainsi notre prédécesseur, le Patriarche
de bienheureuse mémoire Demetrios, a suspendu
temporairement le Tomos de 1923 en Estonie.
Les conditions ont changé, et il a été
possible récemment de rétablir l'Eglise
d'Estonie et c'est pourquoi, en 1996, le Tomos de
1923 a été de nouveau réactivé
par un acte patriarcal et synodal. Selon un accord
conclu à Genève, chaque paroisse en
Estonie pouvait librement choisir sa juridiction,
soit l'Eglise Autonome d'Estonie soit le Patriarcat
de Moscou. Cela signifie clairement une chose : qu'il
existe ici, d'une part une Eglise Orthodoxe Autonome
en Estonie, qui continue l'activité de l'Eglise
Autonome d'Estonie d'avant-guerre et d'autre part,
il y a les paroisses qui sont sous la juridiction
du Patriarcat de Moscou. Il n'y a pas de deuxième
Eglise locale Orthodoxe ici, les canons interdisent
cela, mais la présence spirituelle du Patriarcat
de Moscou, sous certaines conditions, s'est étendu
dans le territoire d'une autre Eglise. C'est par "
économie " (une concession au sens exact
des canons) ; elle est analogue au système
des exarchats, des monastères et des paroisses
stavropigiaques.
Selon cet accord, toutes les paroisses Orthodoxes
en Estonie ont choisi, leur appartenance. Plus tard
l'Eglise autonome d'Estonie a élu conformément
à ses statuts, l'évêque Stephanos
comme Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie.
Son Eminence, Monseigneur Stephanos était autrefois
évêque en France.
Il est une personnalité remarquable, possède
une grande piété, le sens de l'Orthodoxie,
une expérience cuménique, des
capacités pastorales et d'organisation, l'expérience
de l'administration et l'adaptabilité aux conditions
locales. Il a écrit beaucoup de livres, dont
certains ont été traduits en plusieurs
langues et il parle le français, le russe,
l'anglais, le hollandais, le grec et le swahili.
Tous ces dons de Dieu il les met au service de la
reconstruction de l'Eglise d'Estonie.
En ce qui concerne l'enregistrement des paroisses
du Patriarcat de Moscou et le retour des propriétés
de l'Eglise d'Estonie d'avant-guerre, le Patriarcat
cuménique ne s'immisce pas dans ces questions,
car elles sont du ressort des lois estoniennes.
Le Patriarcat cuménique a réactivé
le Tomos de 1923 car tel était son devoir.
Les canons sacrés lui donnent la compétence
de s'occuper des Eglises locales Orthodoxes qui se
trouvent dans des circonstances difficiles. Le même
soin a été pris pour l'Eglise Orthodoxe
d'Albanie.
En agissant ainsi, le Patriarcat cuménique
n'a pas tenu compte de son propre avantage, mais seulement
de l'avantage des Eglises locales. Au contraire, le
Patriarcat a consenti de grands efforts et de grandes
dépenses pour réaliser cela.
Le but principal de notre visite était de soutenir
l'Eglise d'Estonie par la parole et par le sentiment
qu'elle fait partie de l'Eglise Orthodoxe répandue
de par le monde entier. A travers nous, tout orthodoxe
estonien peut sentir qu'il fait partie de l'Eglise
Une, Sainte, Catholique et Apostolique, qui est composée
d'Eglises locales autocéphales et autonomes.
Nous espérons aussi que l'opposition d'une
Eglise locale à cela, finira par cesser, si
elle y pense d'une manière plus sereine. Un
traitement plus approfondi du sujet est nécessaire.
L'Eglise au temps des apôtres était primitivement
organisée ainsi : chaque ville avait son évêque,
qui agissait indépendamment des évêques
voisins. Ensuite, le besoin d'un primat s'est fait
sentir pour les évêques dans chaque région,
mais l'égalité a été conservée.
Plus tard, un système d'entités plus
grandes, les cinq Patriarcats anciens (Rome, Nouvelle
Rome-Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem),
s'est développé. Selon les canons édictés
par les 2ème et 4ème Conciles cuméniques,
le Patriarche de Constantinople est l'égal
du Pape de Rome. En même temps, les territoires
qui n'ont appartenu à aucun autre Patriarcat
ont été placés sous la juridiction
de Constantinople. Après le schisme au 11ème
siècle, la primauté d'honneur dans l'Eglise
Orthodoxe a été confiée au Patriarche
de Constantinople. Comme premier parmi les égaux,
il sert et exprime l'unité de l'Eglise, coordonne
les activités des autres Eglises Orthodoxes,
supplée aux vacances des sièges et veille
à la préservation de l'enseignement
Orthodoxe et à l'ordre de l'Eglise. Tout cela
il le fait dans le service et non pour le pouvoir
ou par la contrainte.
Jusqu'au schisme, ce sont les Conciles cuméniques
qui décidaient de la question d'accorder les
autocéphalies et les autonomies. Comme il n'était
plus possible de convoquer ceux-ci après le
schisme, il a été confié au Patriarcat
cuménique la charge d'accorder ces mêmes
autocéphalies et autonomies, et après
cela toutes les Eglises se doivent de les confirmer.
Il est naturel, qu'une Eglise, à qui l'on a
accordé un nouveau statut, reconnaisse la primauté
du Patriarche cuménique, parce que si
plusieurs centres surgissaient, cela détruirait
l'unité. Par conséquent, l'Eglise d'Estonie,
à qui a été accordée l'autonomie,
s'inscrit dans le système des Eglises-Surs,
la primauté d'honneur parmi elles revenant
au Patriarcat cuménique. Cela est vrai
dans le cas de toutes les Eglises nouvelles sans tenir
compte de quelle Eglise elles sont historiquement
issues. Ainsi, les Patriarcats de Moscou, de Serbie,
de Roumanie, de Bulgarie et de Géorgie, les
Eglises autocéphales de Grèce, de Pologne,
d'Albanie, de Tchéquie et de Slovaquie et l'Eglise
autonome de Finlande, tous reconnaissent la primauté
d'honneur et de service du Patriarcat cuménique.
Ainsi, il y a rien de nouveau dans le fait que l'Eglise
d'Estonie, à qui l'on a accordé l'autonomie
en 1923, suive l'ordre reconnu par tous.
Tout ceci afin d'éclairer ce qui relève
du droit canonique.
Nous avons les meilleures impressions de notre visite
en Estonie. L'Eglise Autonome d'Estonie est en voie
de pleine reconstruction. Les églises sont
en réfection, le clergé est instruit,
un mouvement de jeunes a été créé,
les camps pour la jeunesse sont organisés et
tous les problèmes se résolvent dans
un esprit chrétien et un esprit de paix. Les
relations avec les autres Eglises Chrétiennes
en Estonie sont bonnes.
Nous espérons que vous avez eu ainsi des réponses
aux questions de base. Si, cependant, vous avez plus
de questions, nous sommes prêts à y répondre.
(traduction française
d'après le texte original en grec)
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