EGLISE ORTHODOXE D'ESTONIE

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Estonie

 
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Communiqué du Bureau de Presse de l'Eglise Orthodoxe d'Estonie

LA REFORME DU CALENDRIER LITURGIQUE.

Lors de son Assemblée Générale du 26 mai passé, l’Eglise Orthodoxe d’Estonie a approuvé, à une très large majorité des voix et dans un climat d’échanges très sereins, la réforme du calendrier liturgique proposée par le Métropolite, en accord avec les Membres de son Saint Synode .

En 1920, la Finlande et l’Estonie, alors sous la juridiction de l’Eglise Orthodoxe de Russie, obtinrent de suivre la calendrier grégorien dans son intégrité.

Il est intéressant de signaler qu’en 1918 déjà, la Russie avait opté, civilement et administrativement, pour le calendrier grégorien. Si par la suite le Patriarcat de Moscou n’a pas suivi la révision du calendrier liturgique sur la base proposée par le Congrès panorthodoxe de 1923, c’est vraisemblablement pour ne pas faire correspondre son propre calendrier liturgique avec celui qui fut adopté par ceux qui firent le révolution d’octobre 1917.

Au moment de la proclamation des autonomies de Finlande et d’Estonie par le Patriarcat Oecuménique de Constantinople, la question de l’adoption du calendrier grégorien ne fut pas remise en question.

Le problème de l’usage du calendrier liturgique resurgit en Estonie lorsqu’en 1945, l’Eglise Orthodoxe d’Estonie fut dissoute, abusivement et anticanoniquement, suite à l’occupation soviétique. A la place de l’Eglise autonome, le Patriarcat de Moscou créa un évêché sous sa dépendance directe. Le calendrier julien fut aussitôt réintroduit dans les paroisses orthodoxes russophones tandis que l’on s’efforça d’agir de même dans les paroisses orthodoxes estonophones. Cependant, les autorités religieuses de l’époque, et selon que cela correspondait à leurs propres intérêts du moment, firent preuve, à cet égard, d’une certaine tolérance.

En 1996, avec la réactualisation du Tomos de 1923 par le Patriarcat Oecuménique, l’Eglise Orthodoxe d’Estonie eut à subir les inconvénients majeurs de cet „acquis soviétique“, à savoir la célébration de deux dates différentes pour Pâques, ce qui spirituellement et ecclésialement brise de l’intérieur l’unité ecclésiastique. Il devenait, par conséquent, de plus en plus inconcevable qu’au sein de la même Eglise, toutes les paroisses ne puissent conjointement, d’un seul coeur et d’une seule bouche, célébrer et chanter la Résurrection du Seigneur le même jour, à une date unique. D’ailleurs, c’est bien aussi pour cette raison, l’autre étant celle de l’hérésie d’Arius, que fut convoqué le premier Concile Oecuménique de Nicée (325) et tel fut aussi le message du Congrès panorthodoxe de 1923 : une seule et unique date de Pâques pour toute l’Orthodoxie, car il y va de l’unité et de la vie de l’Eglise elle-même.

A cela s’ajoutait le constat que cette situation créait aussi de graves dysfonctionnements aussi bien sur le plan pastoral qu’administratif. Une sorte de chassé-croisé permanent entre les deux calendriers rendait de plus en plus difficile la possibilité de coordonner des actions communes - éducatives, pastorales ou caritatives - tant au niveau des évêchés entr’eux qu’à celui de l’Eglise toute entière.

Une première allusion concernant une date unique de Pâques fut abordée lors de l’Assemblée Générale de 2007. Elle fut reprise de façon plus explicite lors de celle de l’année suivante (2008). En août 2009, profitant d’une conférence sur l’Orthodoxie au Musée de Saatse (Sud-Est de l’Estonie), le Métropolite fit savoir sans détours au nombreux public présent qu’il désirait fortement que l’on résolve cette question dans un délai plus ou moins raisonnable. En novembre 2010 et compte-tenu de l’intérêt national suscité par la conférence de Saatse, le Saint Synode décida de réunir tout le clergé d’Estonie afin de mieux le sensibiliser à cette question. En février 2011 le Métropolite, soutenu par son Saint Synode, envoya une lettre encyclique à toutes les paroisses pour demander que l’on aborde paisiblement le problème du calendrier ecclésiastique avec un esprit de justesse et d’authentique partage fraternel ; par-dessus tout avec un esprit dénué de toutes passions afin d’aboutir, au cours de l’Assemblée Générale de mai 2011, à un accord sincère et définitif. „Car, écrivait-il en conclusion de sa lettre, il faudra de la part de tous nos membres, clercs et laïcs, beaucoup d’éducation spirituelle, beaucoup de sens pastoral, beaucoup d’abnégation pour que nous procédions à ce réajustement ; un réajustement qui, finalement, nous avantagera tous autant que nous sommes“.

La suite nous la connaissons. Lors de l'Assemblée Générale du 26 mai 2011, sur 88 votants présents, 73 ont voté pour. Il y eut 1 voix contre et 14 abstentions.

Par cette réforme qui sera appliquée dès 2012, les fêtes fixes seront désormais célébrées selon le calendrier grégorien et les fêtes mobiles (dont les périodes du triode et du pentécostaire) selon le calendrier julien ( cfr. Congrès panorthodoxe de 1923).

Toutefois et seulement à titre d’économie pastorale, il sera possible, dans certaines paroisses, de célébrer aussi la Nativité et l’Epiphanie selon le calendrier julien en attendant que certaines catégories d’âge très avancé s’habituent à cette réforme.

De même, les dates de certaines grandes fêtes traditionnelles des paroisses du Setumaa et du Võrumaa (Sud-Est du pays), qui sont à cheval sur la frontière estono-russe, continueront à être commémorées selon le calendrier julien, pour maintenir les liens familiaux qui se situent de part et d’autre de la région du Setu, lequel formait, avant 1940, un tout avec l’Estonie et qui, aujourd’hui, est divisé pour moitié en territoire estonien et pour moitié en territoire russe par la volonté de Staline.

Tallinn, le 11 juin 2011
+STEPHANOS,
Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie.

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