MESSAGE
DE NOEL 2008
Très Révérends Pères,
Frères et Sœurs bien-aimés en Dieu Sauveur,
«
Lorsque vint la plénitude du temps, écrit l'apôtre Paul dans
sa lettre aux Galates (4,4), Dieu a envoyé son Fils ». Il naquit
inaperçu dans une grotte, « lui qui s'empare de la pauvreté
de mon corps humain, pour me revêtir de la richesse de sa divinité
; lui qui rejette sa grandeur divine, qui se détourne de sa
propre gloire pour que je devienne participant à l'abondance
de ses divins biens (St Grégoire le Théologien, Sermon 38, sur
l'Epiphanie) ».
C'est
de cette manière que va se réaliser la plus grande bonne nouvelle
de tous les temps : celui qu'attendait Israël depuis si longtemps,
celui qui devait précisément inaugurer le monde nouveau de la
paix et de la justice, celui-là est né dans le silence de la
nuit, à peine troublée par une brève louange angélique et un
tout petit nombre de bergers venus rejoindre le nouveau-né,
bébé emmailloté et couché dans une mangeoire. Voilà qui change
tout. Notre regard sur Dieu est à transformer radicalement.
On attendait un Dieu puissant, venant, comme il en avait le
droit, visiter la terre en propriétaire richissime, et nous
trouvons un enfant qui n'a même pas un berceau convenable.
Quelle
démesure : la bonne nouvelle n'a rien de fracassant. L'événement
le plus fabuleux de toute l'histoire de la planète est tributaire
de la venue discrète du divin enfant : presque impalpable. Un
« non-événement » en quelque sorte. En cette nuit de la Nativité,
le monde nouveau que le prophète Isaïe nous promettait (9/1-6)
vient lui aussi à peine de naître. Un monde dont le cœur est
appelé à devenir à son tour la nouvelle grotte qui va accueillir
le Christ. Un monde encore en enfance. « Nouvelle naissance
nous arrachant à nos vaines réflexions, à nos pensées malignes,
à nos fixations névrotiques, qui empêchent dramatiquement de
découvrir l'autre en soi, autour de soi, sinon comme l'étranger
à fuir, comme le concurrent à terrasser, l'ennemi à vaincre...
( Jean Mansir,o.p.: Au souffle de la Parole, année liturgique
A, Médiaspaul Editions, Paris 1998, pp.23-25) ».
C'est
une chose en vérité prodigieuse que ce Dieu, réalisant enfin
le malheur de ses créatures, se soit incarné, qu'il ait dépêché
son Fils, pour se faire homme, et, bien plus, pour souffrir
comme eux, plus qu'eux, s'il est possible, écrit le journaliste
français Jean Daniel du Nouvel Observateur, en disant combien
il est bouleversé par cette seule idée de l'Incarnation, à laquelle
il ne croit pourtant pas.
Dieu
qui vient chez nous. « S'il est né de nuit, n'est-ce pas pour
naître dans toutes les nuits de tous ceux qui, comme lui, se
sentent livrés à tous les courants d'air, au froid de l'absence,
pauvres comme la paille de l'étable ? S'il est né de nuit, n'est-ce
pas pour que nous laissions défiler dans notre cœur et notre
tête la liste immense de ceux qui ont besoin d'entrevoir une
lumière dans leur nuit : les ventres creux, les émigrés, les
prisonniers, l'enfant martyr et le malade, mais aussi le riche,
l'oublié, le patron qui n'a plus de commandes, l'ouvrier que
le chômage menace et dégrade ; là où la misère prostitue ; là
où la violence engendre la peur. (Denis Sonet : L'Evangile au
présent, Année A, Avent et Noël, Ed. A Capella Création, Paris
2004, pp.39-49) » ?
« Aujourd'hui, annonce l'Ange aux bergers (Luc 2/11), dans la
ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ,
le Seigneur ». La venue de Jésus le jour de la Nativité, c'est
Dieu l'un de nous ; c'est Dieu au milieu de nous ; c'est Dieu
à nos côtés. C'est le Christ qui nous donne la faculté de marcher
car il est le chemin, le gîte d'étape et en définitive notre
destination finale ( Saint Nicolas Cabasilas ).
S'il
en est ainsi, Frères et Sœurs bien-aimés, ne nous contentons
pas d'un beau Noël dans la seule convivialité, aussi légitime
soit-elle, d'un bon repas et dans la gentillesse de cadeaux
réciproques. Mais efforçons-nous avant tout de célébrer une
vraie fête de la Nativité « non en fête humaine mais divine,
non selon le monde mais au-dessus du monde...non selon ce qui
est de la création mais plutôt selon ce qui a trait à la re-création
(St Grégoire le Théologien, P.G.36,316 A-B) » Tant il est vrai
que nous ne pouvons pas retourner à Dieu si nous ne rentrons
pas d'abord en nous-mêmes. Là, au centre de notre âme, il nous
attend, il nous rencontre, il nous parle (Ev.Hullathorne: Groundwork
of the Christian Virtues, p.74).
Que
la grâce et l'abondante miséricorde de notre Sauveur, né dans
la grotte de Bethléem, vous accompagne et vous conforte tout
au long de l'Année Nouvelle 2009. Avec ma bénédiction et toute
mon affection paternelle.
En
ce jour de la Nativité de l'an 2008.
+STEPHANOS,
Métropolite de Tallinn et de toute l'Estonie
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